ÉTRANGE BRISE

C'est étrange ; cette sensation de ne pouvoir que t'effleurer, de ne pouvoir que te respirer par la brise qui passe et qui s'en va. C'est étrange, n'est-ce pas ? Comme nos âmes se croisent et se questionnent, sur la vie, sur l'amour, sur l'univers sans oser jamais, au grand jamais, fusionner. Quelle valse étrange, quelle intrigante vibration ! Cette énergie qui scintille, qui pétille dans le vide. Que nous coûterait le choc, la petite étincelle ? Un éclair ? Une flamme ? La brise emporte ton odeur, elle transporte au loin cette étrangeté... cet étranger familier.
 
Hélyo James, 14 août 2024

"LAICHER" LE SORBET

Sur les rives du fleuve St-Laurent, le zéphyr traverse mon essaim de pensées. Je suis coite face à ce qui deviendra la mer, je replonge dans un souvenir printanier. Dans les rues du Vieux-Québec, cette logorrhée feignait la connexion. Nous avons musardé alors que nous aurions simplement pu lésarder. Guet-apens du coeur, nous sommes devenus las de ce qui s'annonçait pourtant alibabesque à souhait. Les occasions manquées pullulent, nous avons manqué d'hasarder. Il me chalait pourtant de lui plaire, de panser nos âmes mortelles, loin de toute la jactance futile des premières dates, comme pour mansuer nos péchés de mortels... J'ai oscillé entre monts et marais sensoriels, balbutié maints jeux de mots farfelus, comme dans un menuet en solitaire gracieux. Jamais je n'ai osé faire chavirer la barque lacustre de la romance humaine, mes désirs sont restés latents, dénués d'une réelle et quelconque attente autre que d'humblement flotter. Alors à défaut de pouvoir un jour l'embrasser, dans les méandres de mes pensées, je l'entends encore nasiller.
 
Hélyo James, 27 juin 2024

DÉLUGE

Lorsqu'à la lueur des phares tombe le déluge, le temps se pose telle une plume sur la brume : flottant. Bras ouverts, paumes vers le ciel, sourire jusqu'aux étoiles, visage humide des larmes de l'univers. Je fais l'amour sous la pluie, je fais l'amour avec la vie. Je tournoie comme un tourbillon dans l'océan, je me noie dans un bonheur frappant. La pluie caresse ma peau, je m'allonge, figé dans le temps, sur le nuage bitumé. J'écoute le son des larmes, j'écoute la mélodie vivante de l'eau qui tombe, qui coule, qui me recouvre et m'ensevelit. Sur mon lit d'eau, je vogue dans les songes du monde, je respire la brise du temps, fusionne avec les éléments, résonne de concert avec les ondes de l'eau. Que le monde est beau, que les larmes sont belles ! Je fais l'amour sous la pluie, je fais l'amour avec la vie. Je respire, en choeur, avec l'univers. Je m'ancre dans l'éphémère, contemple ma Terre mère. Ô comme je l'aime ! Déluge flottant, déluge frappant, ô comme je t'aime !
 
Hélyo James, 8 juin 2024

ÉCLAIR LUNAIRE

L'heure tourne, mes songes avec. Mon sang ne fait qu'un tour, mon cœur se serre. Je respire l'encens boisé qui me rappelle un baiser. Je redessine un sourire niais que je ne peux nier. Je touche du doigt un rêve qui m'incite au sommeil et m'invite à l'insomnie. 
 
Mon corps, téléporté, à ses côtés. 
 
Alité, je survole dans la frivolité, d'une futilité, la fatalité. La fatalité des corps, la futilité des mots, la frivolité du cœur. 
 
Je ne suis qu'un être en état d'errance, en itinérance. Je me plais dans cette errance, en leur présence. 
 
Électrifié, je parcours son corps à la vitesse d'un éclair... il est lumière et je suis lunaire. Comme un éclair, je ne sais plaire. Fascinant, terrifiant, revigorant, décourageant. Je ne sais que tendre et saisir des perches.
 
Mon regard sur ses lèvres. Mes lèvres accrochées aux siennes. Courant tangible, courant sensible, indicible.
 
Frivolité. Futilité. Fatalité. Un éclair lunaire.
 
Que tombe la nuit et que tombent les masques, un petit pas, un petit bras tendu vers le ciel tendu, que je t'enlace et que, tu, m'embrasses.
 
Hélyo James, 17 mai 2024

PLAGE DE LIN

Couché sur mon éternelle plage de lin, enseveli de rêves éternellement rêves.
 
J'ai attendu le bruit des vagues, ne m'est venu que son écho. J'ai tant rêvé de ces vagues, ma réalité fut brève brise.
 
Aurais-je manqué la marée haute ?
 
Hélyo James, 16 mai 2024

OIGNON

Les couches d'oignons s'effritent doucement, elles craquellent asséchées. Petit bout par petit bout, morceau après morceau, la peau tombe sur la table de cuisine. Elles finiront par terre, dans la terre, dévorées par les vers : retour à l'univers. L'oignon perd ses couches mais les larmes ne viennent pas. Son cœur à nu, à corps perdu. Pétillant dans la poêle, tendre en bouche, croustillant sous la dent... On n'en ferait qu'une bouchée mais c'est une tarte à savourer ! Ceci dit, pour le déguster, encore faudrait-il le cuisiner...
 
Hélyo James, 19 avril 2024

L'AVEUGLE ET L'ARCHITECTE

Un bandeau sur les yeux en guise de gouvernail... Nul besoin de voir pour reconnaître ton doux parfum et ta respiration sur mon cou, pour ressentir la chaleur de ton être qui me guide, tout léger, dans le village imaginaire. Je me laisse fondre à ce contact humain qui apaise mon âme et éveille mes sourires les plus francs. Un peu plus et, qui sait, peut-être me serais-je permis un peu plus d'audace encore. Belle nuit, danseur amateur, charmeur de mon cœur...
 
Hélyo James, 9 avril 2024

SENS LITTÉRAL

La poésie est un monde de sens cachés, ne soyez donc pas trop littéralEs en en lisant les mots : cherchez par-delà la signification réelle de ce qui ne sont autre que des notes de musique assemblant la mélodie. Bienvenue dans mon monde de métaphores filées, d'harmonies cachées et de sens triplés. Laissez-vous porter par le son, la résonance des mots ; acceptez que la compréhension ne nécessite pas toujours la clairvoyance, que sensation ne rime pas toujours avec compréhension.
 
Hélyo James, 3 avril 2024

FLAMME BLANCHE

Il souffle un vent énigmatique sur les terres de mon cœur. Mon cœur trépide à la croisée de nos sourires joyeux, mon corps trépigne et sautille tel un enfant empli d'insouciance. Mes lèvres ne peuvent retenir ces sourires volés, ces sourires si volontiers donnés. Il est apparu comme le feu sur l'allumette allume la tige des bougies. Si délicatement et si sûrement, il s'est posé là, face à moi, à captiver mes sourires et mes regards mutins. La bougie trépide et je trépigne d'impatience de poser mes mains sur les siennes, de caresser sa peau, de titiller son âme si belle et si douce. Il y a tant à dire et tant, pourtant, à ne rien dire. Les mots flottent dans l'air telle la plume sur son lit d'eau. Si calme et tranquille, mon cœur bercé par les crépitements de sa flamme blanche. Blanche comme la fusion de ses couleurs, comme la pureté de son âme et de son cœur. Que dire de ces sentiments qui animent mes songes ? Je n'en sais que trop rien, en sont-ils seulement ? Je n'en ai que faire, la légèreté qu'il m'apporte ne peut que me satisfaire. Que nos âmes se mêlent ne m'est d'aucune importance pour autant que sa flamme aura bercé mes vagues. La beauté de ces quelques échanges a déjà comblé quelque attente qu'il soit.
 
Hélyo James, 27 mars 2024

COUPABLE

Je suis coupable d'avoir cessé d'aimer, coupable d'être imparfait, coupable d'humanité. Je suis coupable d'avoir avancé, coupable d'être un peu moins brisé. Pourtant, j'ai tant saigné... mes sanglots ont tant coulé...
 
Hélyo James, 5 mars 2024

VEILLÉE FUNÈBRE

Moins je dors et moins je pense,
Moins je dors et plus je danse... 
 
J'ai peur de dormir,
J'ai peur de souffrir ;
Une privation de sommeil
Pour une ivresse sans pareille.
 
Je veille jusqu'à l'entendement,
Je veille jusqu'à l'effondrement.
 
Effronté je suis,
Éveillé je ris.
 
Hélyo James, 15 février 2024

AMANTS MAUDITS

Serait-ce l'alcool dans mon sang ? La drogue qui me monte à la tête ? Tes yeux clairement me dévorent. Hier encore, j'aurais dit non. Aujourd'hui je n'en ai plus rien à faire. Dévore moi. Déshabille moi si tel est ton souhait. Embrasse moi. Tes lèvres goûtent l'éthanol et ta langue la mûre des bois. Tes mains sur mes joues me soufflent de lâcher prise, tes murmures me font voir ce que je me refuse à voir. Mes mains sur tes hanches et la valse peut débuter. Tes doigts effleurent mon dos nu et poursuivent leur descente vers des lieux plus intimes. Mes baisers parcourent ton corps chaud, ta peau douce et tes formes enivrantes. Exploration intimiste, aventure orgasmique. Tes bras, mes bras, nos corps nus sur le lit, nos vocalises qui ne finissent plus...
 
Hélyo James, 10 février 2024

SÉPIA

Si proche et si loin de toi... Le sentiment d'avoir toujours été là, d'être comme partie d'un tout sensible et naturel et, pourtant, le sentiment d'être comme la plante tropicale au milieu d'un paradis gelé. Les arbres tout vêtus de blanc qui défilent, le sentiment d'être à tant d'endroits en même temps. Retour au Noël de mon arrivée, aux voyages de mon enfance, retour aux vacances de février de l'hiver 2018. Un sentiment tant étrange et sans nom que je ne parviens ni à clarifier ni à exprimer. Je vais atterrir comme une fleur dans mon chez moi tant je semble rêver, tant ces ressentis je ne comprends pas. Comme si j'assistais au souvenir d'une enfance, comme si on m'arrachait à mon souvenir oublié. Comme si les textures, les couleurs n'étaient pas les mêmes, comme absorbé dans le temps où les photos ressortaient sépia avec un grain prononcé.
 
Hélyo James, 3 février 2024

TOUTE OUÏE

Toute ouïe je suis, tout oui j'étais. Le vent m'a glacé, a transpercé mon cœur dans une froideur inouïe. J'aime bien le vent, le vent ne m'aime pas. A-t-il peur de moi pour me glacer tant de fois ? Il me promet du beau temps, doux, agréable et sincère mais n'en pense pas un mot. Je suis toute ouïe pour lui, pour ses sifflements endoloris, mais je ne suis plus tout oui. Je suis fatigué de ses courants d'air gelés, je reste muet.
 
Hélyo James, 30 janvier 2023

2024

L'année s'achève, les flocons tombent, le vin disparaît peu à peu de la bouteille. Je veille jusqu'au lendemain, je veille à être témoin de cette année qui s'achève. 2024, je le sens bien, pour une fois. J'aime sa sonorité, sa mélodie, son rythme. J'aime sa simplicité symétrique, dans son ensemble, c'est une année de chiffres pairs et logiques, une année de chiffres que j'aime bien, qui m'apaisent. Je fais le bilan, je me sens libre. Je me sens libre comme le vent qui court dans les vallées, libre comme les vagues qui filent vers le rivage. Je me sens libre comme mes pieds qui plongent nus sur la terre humide et forestière, libre comme les feuilles que je rencontre en haut des arbres. Je me sens pousser des ailes, courir sur les collines, escalader les montagnes, sauter d'arbre en arbre. Les nouveaux départs ne sont qu'un prétexte, un prétexte pour vivre à nouveau. La vie prend son sens quand le sens n'est plus la quête et que vivre le devient. Je n'ai pas besoin de fuir si je suis nomade. Je n'ai pas besoin d'avoir peur d'essayer si essayer c'est oser vivre. J'ai oublié ce mot : OSER. Pourtant, il a été le mot phare lors de mon arrivée. J'ai oublié d'oser, j'ai eu peur de souffrir, j'ai eu peur de me perdre, j'ai eu peur de vivre. Je suis libre, je me sens libre, je me sens vivre. Je ne veux pas rentrer dans les cases, je ne veux plus me satisfaire des normes. Je serai ma seule norme ; mon cœur, mes désirs et mes envies au profit de la raison seront ma seule régie.
 
Hélyo James, 31 décembre 2023

LES HURLEMENTS

Ma tête hurle et ses hurlements m'empêchent de dormir. À force de les faire taire, ils hurlent. Mes sentiments bien sûr, tout est toujours question de sentiments. J'avais mal au cœur, tellement mal au cœur ; tout le temps, sans arrêt. À présent, j'ai mal au crâne. J'ai fait taire mon cœur alors mon crâne hurle. Il hurle de le réanimer, de ne pas laisser mon cœur mourir. C'est paradoxal, j'ai l'impression qu'il meure chaque fois que je l'écoute battre. La pression intracranienne est immense, immensément douloureuse. J'ai la nausée et mes yeux sortent de leur orbite. Les hurlements résonnent partout dans mon corps, ils paralysent mon repos et martyrisent mes os de leur vibration incessante. Mes muscles ne se reposent jamais, ils souffrent de se contracter. J'ai si mal que j'en perds la vue, littéralement, ma vision se trouble. J'ai si mal que je vais m'effondrer, mon crâne va se fracasser contre le sol de porcelaine, la pression va se libérer dans un jaillissement de sang. Je ne peux pas ignorer les faits, ils sont flagrants, ils sont constants. C'est pour ça que je fuis : pour ne pas affronter ces maux qui me hurlent dessus. C'est pour ça que j'oublie : je suis épuisé d'aimer. Je n'ai plus de cachets dans mon armoire pour atténuer les hurlements de mon crâne. De toute façon, il n'existe qu'un seul remède à cette fatigue éternelle : le paradoxe. Tout est toujours paradoxal. Je me meurs d'aimer alors je dois aimer. Et si je ne veux pas aimer de cet amour unE autre que moi ? Tant pis, ça ne suffit pas. Les hurlements résonnent seulement lorsqu'il y a une chose qu'il m'est impossible d'admettre, seulement lorsque je refuse un non-sens inné. Mon crâne hurle parce-que j'ai décidé d'abandonner ; il hurle parce-que, capricieux qu'il est, il ne peut accepter ma solitude innée. Mon crâne hurle parce-que j'ai refusé la répétition d'un scénario qui m'a déjà blessé, qui m'a trop de fois brisé. Alors quoi ? Je suis damné à souffrir quoiqu'il en soit ? Franchement, c'est d'un ridicule ! Je suis éreinté. Taisez-vous et laissez-moi dormir en paix. Mes yeux vont exploser, ma tête va fondre sous la pression accumulée. Les lettres de mon clavier tremblent déjà. Je mélange les mots, je ne suis plus capable de lire, je ne suis plus capable d'écrire, je ne peux plus dormir, j'ai la sensation de mourir.
 
Hélyo James, 27 décembre 2023

LES DOMINOS

Le soleil brillait de mille feux, lorsque le matin je regardais par ma fenêtre. Sa respiration dans mon cou me soufflait que tout allait bien, que la journée s'annonçait belle. Nos baisers me révélaient la simplicité complexe des relations humaines et l'amour éternel de deux amants-aimants. L'air frais matinal réchauffait mon âme jusqu'à la soirée. Les nuages abreuvaient mes feuilles du temps, de temps en temps. Tout était beau, tout était si beau. Et puis... je suis tombé, j'ai trébuché. J'ai trébuché sur mes éternelles et sempiternelles questions. J'ai perdu la vue, j'ai perdu l'ouïe. J'ai perdu le temps, j'ai perdu mon cœur. Et puisque j'attire l'improbable, j'ai même perdu la vie. J'ai perdu la vie si parfaite, même imparfaite, dans laquelle je naviguais. Je ne sens plus de souffle dans mon cou, je ne sens plus de mains dans mon dos. Je ne vois plus de toit, je n'entends plus sa voix. Je ne vois plus ma terre, ma terre d'accueil, ma terre de cœur, je suis forcé de retourner sur la mer. Comme une partie de dominos géants, la tour au complet s'est écroulée. Je ne suis même plus dans le droit, je n'ai même plus de droits. À présent je crains d'être chassé hors de ma terre de cœur, loin de mon cœur. Je n'ai jamais de répit, j'en suis interdit. Et si demain je meurs, je serai interdit de demeure : parole du gouverneur. Je resterai éternel dormeur, prisonnier de mon malheur, loin de ma terre de cœur, ma tant chère terre de cœur.
 
Hélyo James, 22 décembre 2023

MAL DE CŒUR

J'ai mal au cœur, je n'ai plus de cœur. Il ne bat plus, il est mort. Mes larmes sont devenues des rivières silencieuses, des torrents muets. Je me sens vide. J'ai si mal, si mal que je n'ai plus de souffle. Je ne respire plus, je suis mort noyé. Je suis seul dans la nuit, marchant dans un monde où tout est cendres. Mon monde entier a pris feu, mon monde entier s'est embrasé et ma flamme s'est éteinte. Je ne vis plus, je flotte dans une lourdeur fantomatique. Chaque cellule de mon corps a cessé de vivre, a cessé de s'expandre et s'est fripée jusqu'à disparaître complètement. Je n'ai plus de corps, il flotte au loin dans l'océan Atlantique, perdu au milieu de nulle part. Mes poumons n'ont plus d'air, je les sens mourir à chaque souffle qui les effleure. Ma poitrine s'enfonce toujours plus, à l'infini, elle se fossilise. Je n'ai plus la force. Je ne mange plus, je n'ai plus d'estomac, plus d'intestins pour digérer.
 
Hélyo James, 21 décembre 2023

DÉLIRE IMAGÉ

Je regarde mon image, accrochée sur le frigo, je ne me reconnais plus. Je ne suis pas si merveilleux qu'il le pense. Je suis laid, tellement laid que c'en est affligeant. J'ai un cœur de pierre pur, un cœur aussi bon qu'il est noirci par la toxine qui l'anime. [...] Je ne suis pas celui que l'on voit sur la photo, je ne suis plus personne. Je suis fatigué de ne pouvoir aimer, je suis fatigué de ne pouvoir mourir. C'est une bataille continue que je mène incessamment dans mes songes. C'est une guerre que jamais je ne pourrai gagner. Je ne suis plus là, je ne suis plus devant toi, je ne suis plus nulle part. Je suis tellement, tellement laid. Je ne raisonne plus, je ne résonne plus, je ne rayonne plus. Coquille emplie de l'invisible, telle la perle silencieuse de l'huître. Deux visages gravés sur les deux faces de la pièce. L'ange rayonnant au soleil, le démon hurlant à la lune. Ma peau est brûlée jusqu'aux cendres, mon âme est fantomatique. Je suis un monstre, un monstre qui erre dans un labyrinthe de sentiments oubliés. Je pensais cet état la conséquence de ce tout, de toute évidence il en est la cause. Le reste n'est que subterfuges, illusions, allusions ; le reste ne sert qu'à masquer l'horreur réelle et soudaine que je suis devenu. Tu vois, tu ne peux pas m'aimer. Je ne suis qu'une psychose, un simple délire. 
 
Hélyo James, 2 décembre 2023

L'OXYDATION DU SOMMEIL

La douce acidité sucrée pétille sur mes lèvres dans l'infinie nuit qui défile. Le voile s'est tendrement déposé sur mon esprit tourmenté. Le rouge vif coule dans mes veines et hurle au diable de se libérer. Hurle, hurle si fort que chaque atome de cet univers s'en trouve entièrement et radicalement transformé. Hurle, hurle dans mes oreilles jusqu'à la plus totale et définitive des surdités. Annihile tout espoir d'entendre à nouveau, annihile tout, simplement, et purge de mon crime qui n'est que perspective. C'est si simple pourtant, si simple que c'en est ridicule. Ça pétille, ça bouillonne et... criss je succombe. Apprends moi, là, tout de suite... à dormir ? Trop de sucre circule dans mon sang pour que je plonge dans les rêves. L'acide gèle mon cerveau jusqu'à la moelle. Je ne suis pas maître de mon corps et je veux être maire. Ça pétille -trop- fort autour de l'écrou qui retient le fil, il oxyde. L'oxydation remonte dans mes veines et embrasse mon sommeil qui de fait ne vient pas. 
 
Hélyo James, 30 novembre 2023

LES CENDRES

Les cendres tombent du ciel, il est déjà trop tard. Elles tombent innocemment, impunément, humbles jusqu'à leur finalité : écrasées sur le bitume blanc. Le monde est déchu, vaincu par ce que nous appelons humainEs. Le monde s'est battu, preuve en est ces dernières et fébriles cendres. Le feu ravage le monde, le feu a déjà ravagé le monde. Nous sommes pauvres témoins de cette échec flagrant : nous, que les autres accusent. Les cendres puisent dans leur restant de force pour ensemble assommer leur assassinEs. Absurde fatalité. 
 
Hélyo James, 30 novembre 2023