TIC-TAC...

Nos regards mêlés de sentiments se mentent et se promettent, des mots muets qui crient au sabotage, au désespoir. Nos corps lâches sur ce lit attendent sans relâche, que le monde fasse enfin sens, que reparte la discussion, aucun son ne sort, aucun son ne parvient à briser le silence. Aucun son, si ce n'est le tic-tac de ma montre qui résonne si fort dans mes tympans sourds d'amour, que les battements de mon cœur se synchronisent avec ses tours. C'est comme une brise venue d'ailleurs, comme le soupir d'un promis à la mort, comme la vie qui souffle le temps, qui s'envole. On attend patiemment notre innocence, loin des fêlures du passé, loin des sourires de déchéance, comme si un jour peut-être elle reviendrait. Un mot, brise le silence. Un geste, prends ta chance. Perce la bulle et souffle tes mots muets dans cet univers défait.

C'en est trop. Je vais briser le silence, je vais briser ce satané silence. Je n'ai que faire de ces diktats, que faire du sens, que faire de ces fébriles sentiments. J'en ai assez d'entendre le tic-tac résonner dans mes pensées. Regarde-moi. Ne vois-tu pas que je ne suis qu'un immature dénué de tout contrôle ? Ne vois-tu pas que mon cœur hurle pour nous deux ? Regarde-moi... Nos lèvres font cesser le tic-tac incessant, nos baisers dictent le rythme de nos sentiments, aujourd'hui, maintenant, je t'embrasse. Ça me dépasse, ça me surpasse, je m'exaspère, mais je t'aime. Je t'aime maintenant. Peut-être pas demain, mais je t'aime ce soir. Je t'aime comme nos corps qui se mêlent et qui s'embrassent incessamment, impunément, insatiables corps qui s'aiment.
 
Hélyo James, 24 septembre 2022

UN ARBRE

La sève coule de l'arbre d'une ambre écarlate. L'araignée a tissé sa toile sur ses branches les plus frêles. Les feuilles se laissent bercer par le vent puis tombent dans un profond sommeil. L'araignée s'est envolée en y laissant sa soie cruelle. Le voyageur s'est épris de l'arbre, il revient à chaque saison. L'arbre peine à le voir, il se cache dans les buissons. "Approche" lui susure l'arbre... "approche"... Le voyageur est sorti du buisson, pour se réfugier dans un autre. Ainsi vit l'arbre dans sa forêt, ainsi observe le voyageur l'écorce s'épaissir dans le temps, perdre ses feuilles et nourrir de son sang.
 
Hélyo James, 11 septembre 2022