LES BOIS D'UN ABANDON
À toi, rosier sauvage. Tu es la rose que je ne peux atteindre, le bois rempli d'épines. Tu es querelles et jalousie, tu es ensorceleuse de mes nuits. Et c'était beau, mais c'était lâche. J'étais le pion et toi la reine, j'étais le fou, le trop sauvage, le trop instable. La rose... C'était si beau. Comment aurais-je pu vaincre ces bois qui ont eu raison de mon cœur, qui en ont arraché les chairs ? Étais-je, au fond, un fou trop sage ? Aurais-je dû plonger dans ces bois, y laisser ma peau, mes muscles, mes ligaments, mes tendons et mes os, pour espérer enfin t'atteindre ? Aurais-je dû transformer ma chair en bois d'épines à mon tour, pour que l'envie de t'y piquer naisse en ton cœur ?
Il est trop tard, comme toujours. Satané temps, n'est-ce pas ? La vie n'est que mauvais timings, elle n'est jamais à l'heure où on l'attend. Ça fait partie de sa beauté, d'une façon ou d'une autre. J'aurais dû t'embrasser, ce jour-là. J'aurais dû dévoiler ton jeu au grand jour. Et personne ne sait, personne sauf moi, puis peut-être une petite part de toi. ______________________________ ____ ________ _______can't tell this part, it's a secret she doesn't want me to tell __________ La honte a dû te dévorer, car les bois épineux m'ont dévoré, et la rose s'en est allée. Mon âme est écorchée, inchangée, mais le poison de l'épine s'est dissipé. Ne reste de la rose que le souvenir de sa beauté, que les cicatrices et l'endorphine, que le répit puis l'abandon. Puisses-tu hanter les nuits d'un autre, les coquelicots feront les miennes.
Hélyo James, 16 juillet 2022