Le silence nocturne... Le vide... Il n'y a personne sur cette route... La voiture fend l'air froid de la nuit, le seul bruit alentour. Je vais vite, peut-être un peu trop. Il fait noir, c'est à peine si les phares percent à travers le brouillard. C'est dangereux, je le sais, je le sens. La radio qui grésille ne présage rien de bon. Je ne décélère pas, je ne ralentis pas, ma vitesse reste constante... trop rapide. Je flirte avec la mort, le danger qui m'assaille. Je reste sourd à mes intuitions, sourd de ma raison. Étrangement, ça me fait du bien. C'est presque si je me sens vivant, pour une fois.
Les paysages défilent dans l'obscurité, la forêt à perte de vue. J'entends les loups hurler, les grillons chanter, les pas dans les feuilles mortes, le bois qui craque. La Nature sauvage qui ne dort pas, jamais. À travers l'épais nuage, je perçois des ombres, des mirages, j'hallucine. Dans le silence obscur de la nuit, la vie semble veiller, doucement, prudemment, sur un danger. Elles m'appellent... les étrangetés de la nuit... elles m'appellent.
Il fait chaud dans la voiture, la ventilation rugit pour faire fondre la condensation. Et si... ? Un coup de volant, juste comme ça, juste pour voir. La route déserte laisse place aux prédictions. Les visions me font voir ce qui m'arrivera, si je ne ralentis pas, si je ne décélère pas... au coin d'un virage, dans le brouillard... les hurlements de la gomme sur le sol routier, les roues qui heurtent l'obstacle, les tonneaux... le bruit sourd, les bris de verre, la fumée... le sang sur le pare-brise, la respiration sifflotante... la mort dans cette forêt, ce soir-là, dans mes songes...
La radio n'en finit pas de grésiller, je roule encore, à vitesse constante. Je flirte avec les règles, mes limites. Je n'ai pas peur. Ce soir-là, je n'ai pas peur. Et si... ? Et si c'était la fin ? Des ressentis, l'absence de ressentis... La mort de ces mirages, de ces films qui me privent... Je n'ai pas peur de mourir. Je me fiche de l'absence de vie... mais pas d'eux, pas d'elles... Jamais je ne le pourrai, même si je ne ressens rien, même si la joie m'habite... Ce soir-là, juste pour voir, juste comme ça, je me suis dit... et si... ?
Hélyo James, 2 janvier 2022