Accoté sur le rebord du bar, plongé dans les méandres de ses pensées, mon regard subtil de désir posé sur son délicat visage. Elle est belle. Dangereusement silencieuse, furtivement joueuse. Son doux regard magnétique faussement innocent, ou bien serait-ce faussement dangereux ? Elle est belle, m'attire dans un silence. Diaboliquement angélique, angéliquement diabolique, hypnotisante. Son regard concentré, ce stylo délicatement mordillé par la torture de ses questions, le bout de sa langue reposé sur le dessus, tandis que le temps se fige encore plus. Désormais dos à dos, elle interrompt ce délicat mordillage pour porter son regard interdit sur mon fessier, la tête subtilement inclinée.
L'odeur des arômes fruités, de la mangue, de l'ananas, de l'orange, couplés à ceux de liqueurs enivrantes, de rhum, de vodka. Regarde moi, plonge dans mes yeux, dans mon monde interdit. Le désir grimpant dans l'absolue simplicité, en quête d'un brin de sens figeant l'innocence. Tant de mots dans tes yeux, j'ai tant à lire, tant à éplucher, tant à ressentir, tant à apprécier. Si beaux, si précieux dans leur transparence, leur transcendance de l'âme. L'océan se déchaîne dans l'iris bleu de mes yeux, emporte les tourments de tes questions sans réponses, engloutit le doute et le remplace de désir. Dans tes yeux, la plage recouverte d'algues vertes, repose la touchante mais effrayante harmonie, la puissante mais terrifiante attraction des éléments. Nos échanges si longs si profonds, autant silencieux que joueurs, insinuent des choses interdites, des pensées diaboliquement érotiques.
Ma main sur ton doux visage caresse tendrement ta joue tachetée de brun. Mes lèvres goûtent les tiennes, si sucrées si tendres, épousent leur forme, tant parfaitement tant suavement. Elles font l’amour et piègent le désir dans l’instant présent. Mes baisers sur tes lèvres, les tiens sur les miennes, nos corps qui fondent et nos âmes qui se mêlent. Et tandis que le désir brûlant nous possède et nous enivre, les caresses parcourent nos corps dans un frisson chatouilleux. Elles explorent les formes, effleurent la peau nue sous nos mains d’une chaleur frissonnante. Mes mains glissent sur ton corps et dessinent l’ardeur de nos envies, elles glissent le long de ta nuque alors que je mordille le bout de ton lobe et couvre de baisers les lignes de ta peau. Elles glissent encore, lentement, le long de ton corps. Elles glissent le long de ton torse, ton estomac, tracent le contour de tes seins, descendent jusqu’à ton bas-ventre. Je t’embrasse, j’embrasse ta nuque, tes clavicules, j’embrasse le tracé sensuel de mes mains sous ton cœur palpitant.
Nos yeux se jouent de moi, se jouent de toi, se jouent de nous. Ces pensées semblent nous transporter outre mesure et outre monde vers une dimension purement psychédélique. Les mots silencieux résonnent et font vibrer nos âmes innocemment corrompues. Le temps a cessé de faire couler le sable depuis bien trop longtemps pour être remarqué. Nous ne sommes plus dans ce bar, nous ne sommes plus nulle part, si ce n’est dans cet autre univers qui semble bien plus réel que la réalité elle-même. Ce stylo mordillé n’est plus que lointain souvenir, ces vêtements ne sont plus qu’illusions envolées, rien n’est plus qui ne saurait rêver de nous.
Nos corps allongés sur ce banc de laine se mêlent toujours, nos jambes se croisent et se décroisent au rythme de nos respirations lentes et étouffées. Mes baisers ont parcouru ton corps, mes caresses ont chatouillé ton âme. Nos saveurs se sont subtilement mélangées, notre désir s’est sauvagement amplifié. Un énième frisson de plaisir parcourt ton corps, si puissant qu’il transcende ton être ; et ton vagin, ton clitoris, sont pris de subtiles secousses, sont pris d’une chaleur enivrante qui agréablement te brûle. De tes petits orteils à tes étriers, l’entièreté de ton corps est traversée d’un courant électrifié. Tes mains agrippent mon grand dorsal pour y graver de fines traces rouges, tes vertèbres cervicales en extension sont témoins du cri qui te transcende et qui vient doucement mourir dans le silence de nos psychés jumelées. Tes poumons aspirent et recrachent l’air si rapidement qu’il en devient d’une ineffable, presque futile, jouissance absolue, jouissance infinie. Ainsi vit l’amour de nos âmes, la fusion de nos corps nus et endormis.
Hélyo James, 13 avril 2022