MON UNIVERS

Traînée de lumière dans l'horizon si clair,
Avalanche de poussière au fin fond de l'univers.
Et je me perds et je me perds, je perds cette guerre en un éclair.
La guerre d'amour au goût amer,
La guerre tout court aux mille prières.
Adieu poussière d'étoiles, adieu lumière d'antan,
Je valse sur la toile, je valse avec le temps.
 
Hélyo James, 2 mai 2022

LE FEU

Mon moi chavire, ma barque dérive. Dans les profondeurs abyssales de mon âme éperdue, se cache la raison de mon être perdu. L'étincelle qui fait briller mon cœur puis le consume sans fin, le feu immortel, le feu éternel, et je meurs à petit feu de ce feu qui martèle et m'appelle comme le fait l'insatiable faim. Il se consume sans jamais se consumer, comme un feu hors du temps qui ne cesse de brûler, comme une éternelle prison aux barreaux trop épais. Jamais de répit, jamais. Tout se mêle, tout se mêle. Je ne suis plus que le nœud de ces fils emmêlés, de ces temps mélangés, d'un passé qui tarde à se faire oublier et d'un futur qui laisse à désirer. Je ne suis que l'ombre d'un cœur interdit, d'un mystère insoluble qui jamais ne disparaît.
 
Hélyo James, 27 avril 2022

MUSE NOCTURNE

L'oiseau volant vers son nid au lointain lesté de souvenirs. La mélodie nocturne du ciel endormi, qui sur les branches respire et berce le vent. Tendrement, doucement, le souffle de la vie qui s'étire et se gorge d'un air apaisé, d'un air purifié qui veille sur les rêves et éveille les pensées. La muse qui dort, la muse qui fuit dans ses songes tourmentés. Et je marche et je rêve et j'éveille endormi les tourments d'un passé que je ne cesse de ressasser. Fuyons fuyons, tendrement, doucement, au lointain ce rêve, au lointain cet oiseau envolé. Je dors, je sors, je dors, le sort qui se consume d'un interdit dévoilé. Belle et douce nuit chère muse étincelée.
 
Hélyo James, 20 avril 2022

COLLABORATION

Accoté sur le rebord du bar, plongé dans les méandres de ses pensées, mon regard subtil de désir posé sur son délicat visage. Elle est belle. Dangereusement silencieuse, furtivement joueuse. Son doux regard magnétique faussement innocent, ou bien serait-ce faussement dangereux ? Elle est belle, m'attire dans un silence. Diaboliquement angélique, angéliquement diabolique, hypnotisante. Son regard concentré, ce stylo délicatement mordillé par la torture de ses questions, le bout de sa langue reposé sur le dessus, tandis que le temps se fige encore plus. Désormais dos à dos, elle interrompt ce délicat mordillage pour porter son regard interdit sur mon fessier, la tête subtilement inclinée.
 
L'odeur des arômes fruités, de la mangue, de l'ananas, de l'orange, couplés à ceux de liqueurs enivrantes, de rhum, de vodka. Regarde moi, plonge dans mes yeux, dans mon monde interdit. Le désir grimpant dans l'absolue simplicité, en quête d'un brin de sens figeant l'innocence. Tant de mots dans tes yeux, j'ai tant à lire, tant à éplucher, tant à ressentir, tant à apprécier. Si beaux, si précieux dans leur transparence, leur transcendance de l'âme. L'océan se déchaîne dans l'iris bleu de mes yeux, emporte les tourments de tes questions sans réponses, engloutit le doute et le remplace de désir. Dans tes yeux, la plage recouverte d'algues vertes, repose la touchante mais effrayante harmonie, la puissante mais terrifiante attraction des éléments. Nos échanges si longs si profonds, autant silencieux que joueurs, insinuent des choses interdites, des pensées diaboliquement érotiques. 
 
Ma main sur ton doux visage caresse tendrement ta joue tachetée de brun. Mes lèvres goûtent les tiennes, si sucrées si tendres, épousent leur forme, tant parfaitement tant suavement. Elles font l’amour et piègent le désir dans l’instant présent. Mes baisers sur tes lèvres, les tiens sur les miennes, nos corps qui fondent et nos âmes qui se mêlent. Et tandis que le désir brûlant nous possède et nous enivre, les caresses parcourent nos corps dans un frisson chatouilleux. Elles explorent les formes, effleurent la peau nue sous nos mains d’une chaleur frissonnante. Mes mains glissent sur ton corps et dessinent l’ardeur de nos envies, elles glissent le long de ta nuque alors que je mordille le bout de ton lobe et couvre de baisers les lignes de ta peau. Elles glissent encore, lentement, le long de ton corps. Elles glissent le long de ton torse, ton estomac, tracent le contour de tes seins, descendent jusqu’à ton bas-ventre. Je t’embrasse, j’embrasse ta nuque, tes clavicules, j’embrasse le tracé sensuel de mes mains sous ton cœur palpitant.
 
Nos yeux se jouent de moi, se jouent de toi, se jouent de nous. Ces pensées semblent nous transporter outre mesure et outre monde vers une dimension purement psychédélique. Les mots silencieux résonnent et font vibrer nos âmes innocemment corrompues. Le temps a cessé de faire couler le sable depuis bien trop longtemps pour être remarqué. Nous ne sommes plus dans ce bar, nous ne sommes plus nulle part, si ce n’est dans cet autre univers qui semble bien plus réel que la réalité elle-même. Ce stylo mordillé n’est plus que lointain souvenir, ces vêtements ne sont plus qu’illusions envolées, rien n’est plus qui ne saurait rêver de nous.
 
Nos corps allongés sur ce banc de laine se mêlent toujours, nos jambes se croisent et se décroisent au rythme de nos respirations lentes et étouffées. Mes baisers ont parcouru ton corps, mes caresses ont chatouillé ton âme. Nos saveurs se sont subtilement mélangées, notre désir s’est sauvagement amplifié. Un énième frisson de plaisir parcourt ton corps, si puissant qu’il transcende ton être ; et ton vagin, ton clitoris, sont pris de subtiles secousses, sont pris d’une chaleur enivrante qui agréablement te brûle. De tes petits orteils à tes étriers, l’entièreté de ton corps est traversée d’un courant électrifié. Tes mains agrippent mon grand dorsal pour y graver de fines traces rouges, tes vertèbres cervicales en extension sont témoins du cri qui te transcende et qui vient doucement mourir dans le silence de nos psychés jumelées. Tes poumons aspirent et recrachent l’air si rapidement qu’il en devient d’une ineffable, presque futile, jouissance absolue, jouissance infinie. Ainsi vit l’amour de nos âmes, la fusion de nos corps nus et endormis.
 
Hélyo James, 13 avril 2022

CŒUR VAGABOND

Illusion d'un autre monde, une autre terre dont le rêve fend la décence et les mirages l'innocence. À jamais prisonnier de cette épuisante conscience, je t'embrasse et te désire dans un silence. Esprit malade, cœur en balade, je vagabonde.
 

Hélyo James, 27 mars 2022

LES TRAITS

Ils glissent, se mêlent, s'entrechoquent, s'embrassent, s'enlacent, s'effacent, les traits de son visage. Toute une vie réinventée entre les lignes qui se dessinent, encore et à jamais, tout au long de sa paisible existence, au gré de son infertile ignorance. Je la vois, cette inconnue, sa face déformée par ces traces nouvelles, ces traces qui fondent la vérité si soudaine. Elles ont emporté avec elles l'attirance, le brin d'innocence. Un message et sa face s'efface sous les lignes véritables de son vrai visage. Si jeune, si soudain, qui est-elle, elle qui était si belle ? Adieu désir d'antan, le doux visage face au néant mémoriel.
 

Hélyo James, 8 mars 2022

SAUVAGE MÉLODIE

Respire... Les feuilles respirent, doucement, tranquillement, s'effleurent, chantonnent à l'unisson. Respire... Le vent les chatouille, bienveillant, apaisant, les caresse, leur souffle des mots doux. Respire... Le bois craquelle, si doux, si fort, observe, martèle le temps qui court. Respire... La mélodie sauvage, l'harmonie d'une Nature. Un pas, deux pas, sur le sol humide, sur le sol mousseux, et je cours, et je danse, et je chante la mélodie d'amour. Ma liberté, sauvage, tranquille, sautillante, apaisante. Et je cours, et je danse, et je chante encore. Le silence sifflotant, la paix enivrante. Sur cette terre humide, où mes pieds embrassent le sol, fondent dans un coussin chaleureux. Leur couleur blanche n'est plus que lointain souvenir, ils sont bruns de terre, brun de boue, bruns sauvage, bruns d'amour. Sans destin, sans chemin, et je cours, et je danse, et je chante toujours.
 

Hélyo James, 2 mars 2022

MONTS ENDEUILLÉS

Je veux sentir son cœur battre, là tout prêt, une dernière fois. Tenir sa main, avant qu'elle ne retourne poussière. Ramène moi là-bas, en haut de ces monts enneigés. Lorsque nos sourires ne se fuyaient plus, que la paix s'installait. Lorsqu'on riait suspendus, alors qu'on avait découvert son secret. Je veux ressentir, je veux que mon cœur hurle. Je veux sentir, je veux encore lui sourire. Si seulement... Je n'y suis pas retourné, je le devrais pourtant. J'ai besoin de la pleurer, retracer le fil de ces instants de paix, ces derniers instants. 
 
J'avais descendu les pistes à toute allure, seul, sans savoir où j'allais. L'adrénaline avait envahi mon corps et mon esprit, cette drogue que j'aime tant, ce danger qui me fait vivre. Je l'avais vue, elle m'attendait en bas avec un grand sourire, son bonheur étincelait. On avait rejoint les autres pour redescendre au village, dans les rires, la complicité, la sensation d'une belle journée accomplie. Elle marchait avec lui, elle avait pris mes skis pour soulager ma cheville. J'étais parti en avant, tout sourire, je délaçais mes bottes de mon pied endolori. J'avais attendu, mais quelque chose se tramait, je le sentais, ce vent glacial qui me traversait. J'étais sorti, sans mes bottes, lui debout, paniqué, moi courant vers son corps animé d'une horreur. 
 
Ils avaient ramené un défibrillateur, elle ne respirait plus. Personne ne pouvait se douter du drame qui venait de se produire. "Ne touchez pas le corps pendant l'analyse... Continuez le massage cardiaque...". De longues minutes à tenir sa main, dans un silence, alors qu'ils tentaient de refaire battre son cœur. C'était trop tard, je leur ai dit, c'était trop tard, c'était fini. La mort l'a emportée, elle m'a cloué sur un sol incertain, blanc, froid, glacial. Loin là-bas, tout près de moi, je l'ai vue partir dans un dernier sourire adressé, translucide, transcendant, à jamais.
 

Hélyo James, 25 février 2022

VAUTOURS

Le temps court et je danse encore autour
D'un brin d'amour qui attire les vautours.
Oiseaux de la mort, mangeurs de remords,
Échoué le corps, sur le sable qui dort.
Dans la paix d'une ivresse, la maladresse,
Bien souvent prêtresse d'une infime tristesse.
 

Hélyo James, 24 février 2022

FOURBERIES

Elle m'observe, du coin de l'œil, sans un bruit, sans un mot. Je ne peux croiser son regard. Mon cœur protégé, mon cœur renfermé. Jamais plus. Je suis sourd désormais, je suis sourd à jamais. J'ai fait taire les sentiments, ces mêmes sentiments qui autrefois m'ont fait taire. C'est elle, c'est elle qui m'a brisé. J'ai fondu sur les terres gelées, j'ai disparu dans son monde martelé... hypocrite qu'elle était. Dans mon regard : la rage, la rancœur. Elles cachent les brisures, la trahison, la peine et la douleur. Elles tuent la raison, les sentiments, combattent les émotions, le désir brûlant. C'est le dégoût qui l'emporte encore, quand par mégarde son regard je rencontre. La double trahison, la double peine. Je suis sourd, je suis sourd et muet. Je tairai ces choses qui m'ont emprisonné, je fuirai, j'ai déjà donné. Douleur, rancœur, sans cœur, fureur, et le malheur devient fourbe bonheur.
 

Hélyo James, 19 février 2022

LE DÉFI

C'était un après-midi d'été ensoleillé, il faisait chaud, les corps étaient exposés, se dévêtissaient au fil des heures qui se réchauffaient. Au coin de la rue, en bord de plage, mon regard s'est retrouvé volé. Elle m'avait attiré, je ne pouvais plus m'en détourner, elle m'avait envoûté, j'étais pris dans ses filets dorés. Plus je m'en approchais, plus la chaleur m'envahissait. Les gouttes perlaient le long de mon front, de mon visage, de mon cou. Je l'imaginais à ma portée, mes doigts, mes mains sur son corps doré. Mon cœur s'emballait dans l'antre de mon torse dénudé alors que je savourais déjà ce sensuel toucher.
 
Je m'étais approché, un peu plus encore, mes yeux toujours plongés sur elle. Mes lèvres doucement étaient venues la trouver, je la goûtais. Délicatement, j'explorais ses formes parfaitement arrondies, parfaitement dosées, une parfaite enivrance. Je la sentais fondre au contact de ma langue qui parcourait lentement son corps nu, son corps perlant, scintillant de sensualité. Le sol s'en est trouvé mouillé, arrosé d'une déferlante réaction au soleil, à la chaleur, et à son corps léché. Mmmmh... une telle extase...
 
La complémentarité de nos chaleurs en ce bel après-midi d'été avait fait de cet instant de paix un instant de pure jouissance. Elle était de celles qui mettent le temps sur pause, si belle, si parfaite, si sensuelle... on ne voulait pas en manquer la moindre seconde, la moindre bouchée. Profiter de chacun des instants qui nous séparaient de la fin était alors devenu une évidence, c'était si beau, si savoureux, si pur. Elle est restée gravée dans ma mémoire, elle et sa belle robe orangée parsemée d'éclats en relief d'une couleur plus foncée. Je n'aurais pu rêver plus rafraîchissante compagnie, ni même plus jouissive, en cette si belle journée ensoleillée. Sirop d'érable, éclats de noix... tant parfaite cette crème glacée.
 

Hélyo James, 14 février 2022 (écrit le 28 janvier 2022)

L'ÉPOPÉE

Elles fusent, les pensées, les émotions ; ils filent, les songes, le temps. Je ne pense pas, je pense sans cesse. Je ne bouge pas, je ne cesse de tournoyer. Insatiable, affamé, rassasié, dévoré. Tourne et tourne encore, dans une ivresse infinie. Tourne et tourne encore, tourbillon de folie. Sur son lit, la rivière, le sommier, au sommet. Démange, brûle, hors du temps, trop de temps, débordé, dépassé. La pluie qui coule sur ta peau exposée, ton cœur renfermé dans une eau saturée. Respire, ne respire pas. Elle coule, dégouline, jusqu'au sol, sous tes pieds. Glisse, saute, tourne encore. Sans jamais penser, sans jamais t'arrêter. Tourne et tourne encore. À trop penser, à trop rêver, ne pense plus, ne rêve plus. L'instabilité dessinée, désirée, méprisée, évitée.
 
Le jour, le seul qui compte, sans lendemain, sans veille non plus. Le jour, le seul, l'unique. Trop de pensées, plus de pensées. Débordé, libéré. File, cours, à toute allure, à l'aveuglette, sans horizon, sans allusions. Saturée, l'eau saturée. Elle coule, coule encore, ton corps nu exposé sous les cordes qui tombent du ciel grisé, t'es trempé, apaisé, sans pensées, et non navré. Tu rattrapes un temps insensé, un temps démembré qui ne peut exister. Elle est morte, la sensation. Il est mort, le désir. Tu es libre, assouvi de sentiments, débordé d'émotions. Tu vis, tu cours, sans jamais te retourner, pris dans ton élan, tu ne cesses de courir, pour ne plus jamais mourir. La pluie coule et coule encore, sur ton corps dénudé, rebondit sur le sol mouillé dans une explosion d'échos par milliers, elle recouvre les routes d'une fine étincelance. Sans peur, sans craintes apparentes, la frilosité envolée, jamais plus tu ne trembles. Tu danses, sous la pluie, les bras ouverts vers le ciel, vers la prochaine épopée.
 

Hélyo James, 10 février 2022

JE ME SOUVIENS

J'ai encore en images cet instant de joie qui m'avait surpris, je me souviens de ton regard, ton sourire ce soir-là. Tu paraissais enfin heureuse, après tant d'années à lutter pour retrouver ta vie et panser les écorchures du passé. Il t'avait brisée, tu lui avais échappé. T'avais trouvé l'Amour dans un endroit insoupçonné. Tu avais enfanté, à cinq reprises. T'avais fait face à ton passé, éloigné le lard de nos vies, nous avais protégés. Malgré la maladie qui t'étreignais, tu survivais, persévérais. Dans ta souffrance d'antan, tu avais trouvé la force d'apaiser d'autres âmes tourmentées.
 
Je me souviens de la fatigue qui tirait ton visage, des bleus qui témoignaient de cette chose qui t'a tuée. Je me souviens de ces soirées à t'écouter lire nos histoires, tous ensemble à tes côtés, alors que la fatigue nous gagnait. Je me souviens de ces crises, de ces combats, ces incompréhensions, ces rejets. Je me souviens de la peine qui coulait sur tes joues, tandis que j'affirmais toutes ces choses qui t'horrifiaient. Je me souviens de ta patience, tes inquiétudes, alors que je luttais contre l'amour que tu me portais. Je me souviens de ces moments de déchirure, mais je me souviens surtout de tous ces autres aux sourires si longs qu'ils en chatouillaient les oreilles.
 
Je me souviens de ton regard, ton sourire ce soir-là. Tu paraissais enfin heureuse, tu étais libre. Tu dansais, au beau milieu du salon, faisais tournoyer mes plus jeunes frères au rythme de la musique qui résonnait. J'entends les rires, j'entends le tien. Enfin la paix éclatait, tandis qu'encore une heure avant les cris fendaient le silence. Je me souviens sentir les traits de mon visage se détendre, observer la nouvelle toi qui virevoltait de bonheur. Tu m'avais rendu heureux ce soir-là, par ta joie qui rayonnait. Toutes ces années à morfondre ma vérité, à me rebeller contre toutes ces choses, ces personnes qui m'entouraient... Maman, je suis tellement désolé...
 
Aujourd'hui est l'éternel anniversaire, 4 ans qu'il n'y a plus de fêtes. À la place, des messages de soutien qui reviennent annuellement. Tu en aurais eu 45, des années. Je t'oublie, que je le veuille ou non, et c'est dur à accepter. Les souvenirs que j'ai de toi ne sont plus autant présents qu'avant, les émotions qui y sont associées ont presque disparu. Je ne ressens plus tant de peine, de nostalgie, ou de manque... et ce manque me manque. Tu étais le repère que je ne pouvais voir, mon seul regret. Je voudrais te pleurer, mais je ne l'ai jamais vraiment pu. J'étais tant dissocié... le deuil, je ne l'ai pas vécu.
 
Mais je garde encore en mémoire ces instants de renaissance, ces instants de bonheur étincelant. Je garde encore en héritage ton sourire, cette quête de liberté. Je garde encore en souvenirs la fierté sur ton visage, les instants mère-fils si précieux. Je garde encore ces photos, ces vidéos, et me remémore les films comme si j'y étais. Je garde encore dans mes rêves cette dernière journée si particulière, cet apaisement, cette réconciliation, ce bonheur qui s'était ancré, ce dernier regard et ce dernier sourire adressés, dans cette rue, sur ces monts, ta main froide dans la mienne, tandis que chacun de nos mondes se trouvaient ébranlés. Maman, tu vois, je me souviens encore...
 

Hélyo James, 3 février 2022

SI BELLE

Elle débarque, mon cœur embarque. Sans équivoque, je la désire. La sensation d'antan qui me manque, va-t-elle revenir ? À trop rêver, à trop penser, j'ai oublié ce qu'est aimer. J'ai perdu le fil, l'amnésie se profile. Moi qui l'avais tant désirée, je donnerai tout pour ne pas l'effacer. Regarde-moi, touche-moi, charme-moi, une nouvelle fois. Mon cœur est résigné, a accepté ; la nostalgie ne le veut pas, ne l'admet pas. Mon cœur pansé, je tente d'annihiler le passé. Elle est si belle, elle est si belle... la sensation d'antan qui enivre, qui fait revivre. Elle est si belle, elle est si belle... son âme qui veille, qui m'émerveille. Derrière la peine infligée, l'histoire, les ressentis figés. Va-t-il revenir, le prompt désir ?
 

Hélyo James, 23 janvier 2022

TU N'AS PAS LE DROIT

Je ne peux plus descendre là-bas sans une pensée pour toi. Je n'aime pas ça. Je veux vivre libre de toute pensée, de tout mirage, qui me hanterait de toi. Tu n'as pas le droit. Ça, c'est à moi. Tu n'as pas le droit, tu n'as même pas demandé. C'est à moi, pas de ces choses que je veux partager avec toi. Va-t'en. Tu n'as pas le droit, je ne te l'ai pas donné. Mes cris, devenus silences redoutés, parlent pour moi. Je ne veux pas de toi, pas là-bas. Laisse-moi crier en paix, tu ne seras pas le sauveur. Je voulais tant de toi, mais pas comme ça. Non, tu n'as pas le droit, c'est à moi. Va-t'en.
 

Hélyo James, 19 janvier 2022

RÉVERBÉRATION

Je rêve jusqu'à la dernière lune, fais fi de toutes ces dunes. La mélodie qui résonne sans fin, dans un silence enfantin. Les pensées qui meurent dans le sillage, la liberté en héritage. La barque qui balance, et qui sur les vagues s'élance. Je rame vers le lointain rivage, je prends le large. La plume qui s'envole dans le tourbillon de l'enclume dans cet ancien sillon. Martelée par le cœur ensorcelé, le cœur du trop penseur. J'amarre. Le cœur dormant, protégé de cet aimant, de ces amants. Sur la marre... je perçois enfin son reflet. Je le vois, l'enfant fluet. Cette plume apprêtée et cet arc qu'il a tressé ; les roues, les lames, le bois sous ses pieds ; son ombre dansante autour du feu crépitant et la guitare chantante... La barque amarrée, ce ne sera qu'un bref arrêt. Je perçois enfin son reflet... je le vois, l'enfant fluet.
 

Hélyo James, 17 janvier 2022

SOUVENIRS D'UNE NUIT D'ANTAN

Le silence nocturne... Le vide... Il n'y a personne sur cette route... La voiture fend l'air froid de la nuit, le seul bruit alentour. Je vais vite, peut-être un peu trop. Il fait noir, c'est à peine si les phares percent à travers le brouillard. C'est dangereux, je le sais, je le sens. La radio qui grésille ne présage rien de bon. Je ne décélère pas, je ne ralentis pas, ma vitesse reste constante... trop rapide. Je flirte avec la mort, le danger qui m'assaille. Je reste sourd à mes intuitions, sourd de ma raison. Étrangement, ça me fait du bien. C'est presque si je me sens vivant, pour une fois. 
 
Les paysages défilent dans l'obscurité, la forêt à perte de vue. J'entends les loups hurler, les grillons chanter, les pas dans les feuilles mortes, le bois qui craque. La Nature sauvage qui ne dort pas, jamais. À travers l'épais nuage, je perçois des ombres, des mirages, j'hallucine. Dans le silence obscur de la nuit, la vie semble veiller, doucement, prudemment, sur un danger. Elles m'appellent... les étrangetés de la nuit... elles m'appellent.
 
Il fait chaud dans la voiture, la ventilation rugit pour faire fondre la condensation. Et si... ? Un coup de volant, juste comme ça, juste pour voir. La route déserte laisse place aux prédictions. Les visions me font voir ce qui m'arrivera, si je ne ralentis pas, si je ne décélère pas... au coin d'un virage, dans le brouillard... les hurlements de la gomme sur le sol routier, les roues qui heurtent l'obstacle, les tonneaux... le bruit sourd, les bris de verre, la fumée... le sang sur le pare-brise, la respiration sifflotante... la mort dans cette forêt, ce soir-là, dans mes songes...
 
La radio n'en finit pas de grésiller, je roule encore, à vitesse constante. Je flirte avec les règles, mes limites. Je n'ai pas peur. Ce soir-là, je n'ai pas peur. Et si... ? Et si c'était la fin ? Des ressentis, l'absence de ressentis... La mort de ces mirages, de ces films qui me privent... Je n'ai pas peur de mourir. Je me fiche de l'absence de vie... mais pas d'eux, pas d'elles... Jamais je ne le pourrai, même si je ne ressens rien, même si la joie m'habite... Ce soir-là, juste pour voir, juste comme ça, je me suis dit... et si... ?
 
Hélyo James, 2 janvier 2022

IDIOT

Elle me contrôle, je suis à sa merci. Je me suis poussé tout seul dans ses filets, pris à mon propre piège. La meilleure muse qu'il soit, j'ai tant besoin d'une muse. Quel idiot que je fais. Elle n'en tire même pas jouissance. Quel idiot que je fais. Elle peut tant me faire ressentir. Une minute avec elle et... Idiot. Un pantin, un abruti. Le jour et la nuit, mon esprit torturé, romancé. Je suis parti, pour elle. Je devais partir. Quel idiot que je fais.
 

Hélyo James, 29 décembre 2021

SARAH-ANN

Son visage pâle qui s'efface de ma mémoire, son sourire malicieux qui m'a tant fait craquer. Son nom qui résonne... Sarah-Ann... il perd de son écho. Je le sais, je le sens. Je l'oublie, pas vrai ? Ça n'aura duré qu'une seconde, une seule. Une seconde de trop, qui m'aura fait succomber... cœur d'artichaut que je suis. Ses yeux perçants qui semblent défier mon contrôle, qui me défient de résister à son charme fatal. Sarah-Ann... son nom, la seule chose que je sais d'elle, au fond. Une seconde, une seule. L'impossible, le danger... je n'ai pas résisté.
 

Hélyo James, 28 décembre 2021

RÉSIGNATION : ET SI ?

Et si on essayait ? La confrontation pour faire fi de la résignation. Tapis, cartes sur table. Sans magouilles, sans secrets, sans attentes, sans aucun masque derrière lequel se cacher. Un essai, juste une fois. La confrontation pour juger de la pertinence, pour faire entendre l'ignorance, le déni des émotions. Les films qui cherchent, encore et toujours, un énième scénario de résolution. Et si on essayait ? Juste une fois, juste pour voir. Un coup de poker. Pile ou face ? Effacer les options, les alternatives, pour ne laisser que deux aboutissements possibles. C'est possible, ou ça ne l'est pas. Faire face à l'évidence est parfois le seul moyen de faire entendre raison. 
 
"Tu ne seras jamais d'accord, tu ne seras jamais partant". C'est ce que je m'étais dit avec lui, avant de lui faire la folle proposition. Et contre toute attente, lui avait accepté. Peut-être lui aussi en avait-il besoin, peut-être était-ce sa seule option. Ça a marché, on s'est quittés, apaisés. Un mois de confinement pour mettre fin à des mois de questionnements, à la limite de la souffrance. Toi, c'est autre chose encore. Tu n'accepteras pas, parce-que pour toi ça n'aurait aucun intérêt. Tu n'as pas mon problème : la résignation. Tu ne l'as jamais eu. Et même en sachant ça, l'acceptation ne vient pas.
 
Pourtant j'en ai envie, j'en ai besoin. Je suis fatigué d'ignorer l'évidence. Je ne veux plus de tout ça, je ne veux plus de toi. Mon cœur dit non, mon cerveau dit non, mes rêves disent oui. Ça me dégoûte, j'ai l'impression de forcer, d'aller à l'encontre de mes envies, mes désirs. Et en même temps, ça m'attise, m'attire. Tu ne peux voir qui je suis, tu ne peux voir ce que je pourrais t'apporter. Je ne peux voir ce que tu ressens, je ne peux voir ce que tu penses. Je sais que c'est impossible, je le sens. Trop différents nous sommes, trop éloignés l'on reste. Tu ne me comprends pas, je le sais, je le vois. 
 
Je t'oublie, mais je ne peux pas. S'il reste un brin de chance, un brin d'attirance... pour essayer, juste une fois ; pour entendre raison, une bonne fois. Car je t'oublie, mais je ne peux pas. Dans mes rêves les murmures... "Je t'attends". Les films, il suffit. Trouve moi, pour une fois. S'il reste... fais moi voir... les opposés.
 

Hélyo James, 28 décembre 2021

NOYADE

La neige qui recouvrait les terres s'est transformée en eau berçant le sable. Une journée à faire tourner des roues sur les routes désertes, sur les routes sans fin. Un temps suspendu par les lourdes pensées qui se perdent au fil des milles qui défilent. Tout s'y prête et pourtant les songes se figent, les réflexions se meurent. L'absence de ressenti n'a que faire de l'axiome, elle prive de recherches intérieures. Ainsi qu'importe les tentatives en nombre, qu'importe la motivation qui assaille, la philosophie se meure, et le passé demeure. 
 
Comment exprimer le vide qui envahit le cœur alourdi ? Comment retranscrire le grésillement des pensées qui restent inchangées, indifférentes ? Comment retrouver l'âme assourdie par le voile invisible ? Les émotions, enterrées avec l'être vidé de tout son être, son paraître voilé. Dans l'eau divague son corps endormi, animé par le seul automate qui se noie. Sur le large échoué, la réanimation qui commence. 1, 2, 3, 4... Le souffle... Aucun changement. Les lèvres bleues, vidées de sang, gelées. Les mains figées, violacées, glacées. 3% : la probabilité que la vie le rattrape avant la mort. 
 
Les émotions ne lui reviendront pas, la vie ne lui reviendra pas. L'acharnement continue mais il reste inchangé : trop loin il a dérivé. 3%... 3%... Reviens... Reviens-moi... Un dernier regard, une dernière fois... 1... 2... ... ... Le souffle... Aucun changement... Respire... Ressens, le souffle... Reviens... Reviens-moi...
 
La neige qui recouvrait les terres s'est transformée en eau berçant le sable. Une journée à faire tourner des roues sur les routes désertes, sur les routes sans fin. Dans l'espoir d'un ressenti, dans l'espoir qu'une réflexion émerge enfin de sa noyade, qu'une émotion refasse surface. Pour exister, pour ressentir, pour enfin respirer. 3%...
 

Hélyo James, 27 décembre 2021