UN SOIR FIGÉ

Je voudrais arrêter le temps comme on arrête un cœur ; figer l'instant dans son dernier battement, son dernier souffle. Je voudrais oublier le défilé de songes, la souffrance des pensées. Profiter du froid de l'hiver pour ralentir la vie qui se terre au fond de mon être. Je veux réchauffer mon corps tout entier d'instants figés, ne plus penser à ce qui s'en vient. Les corps chauds qui s'entremêlent et se complètent d'imparfaites perfections. Pour oublier les ratés, l'incertitude. Pour oublier ce temps qui défile, la succession des ères d'antan. Vivre, je veux vivre. 
 
Ce soir pourtant je refuse. Je te refuse, toi, qui m'attendais là-bas. Ce soir je ne veux pas de nouveauté, pas de complexité. Les liens ne sont pas encore tissés, et je ne veux ce soir que pure simplicité. Je ne veux pas m'efforcer de t'expliquer, trouver la connexion de nos psychés. Je veux les corps sans un mot, les regards, les touchers, le partage des corps dans l'absolue vérité -inatteignable-. Je veux cet imprévu naturel que je n'aurais pas avec toi ce soir... cher ami étranger. Je veux la frustration, les émotions qui se déchaînent ; lorsque les deux corps savent ce qu'ils cherchent, que l'ambiguïté n'a pas lieu d'être. Tout est clair, limpide, aucune recherche, juste un plaisir égoïste à partager.
 

Hélyo James, 30 novembre 2021

PREMIÈRES NEIGES

Une page se tourne, une nouvelle saison s'annonce. Après les lueurs éclatantes de l'automne, l'éveil coloré des feuillages, l'annuel théâtre amoureux, les arbres qui se meurent, le temps maussade et le temps ralenti dans son accélération, l'hiver fait sonner ses grelots. Il approche, les premières neiges. Dans une nature mourante, la neige éveille mes pensées et apaise mon esprit. Le renouveau, une page nouvelle. 
 
D'un coup, sans prévenir, elle tombe, embaume mon cœur. Un enfant sous son règne je redeviens. Les premiers flocons si délicats contrastent avec un monde brisé, faussé. Je suis fasciné par tant d'innocence face à tant de déchéance. C'est fascinant. La neige, la délicatesse de ses molécules qui volent, flottent dans l'air, si poétique. Plus encore que la pluie, la neige éveille mes sens. Je ne saurais poser de mots pour décrire si parfaitement cette sensation qui m'envahit, m'anime. C'est si beau, si merveilleux, si... pur ! 
 
Ils volent, tourbillonnent, valsent dans un monde sans règles. Ils tombent, les vagues... Ils chutent, sans se soucier de l'atterrissage. Aucune destination, hasard, tout est hasard. Ils me parlent, sans un mot, ils me parlent. Je ne saisis pas ces paroles, mais au fond, je les ressens. La neige est de ces choses qui ne demandent pas, elle donne, généreuse, on ne peut que recevoir. Et puis ses messagers se posent, dans un silence sifflotant, grelottant, sur la terre, délicats, si délicats... Tout doucement, ils fusionnent, habillent le sol d'un blanc purifié, d'un blanc coloré qui n'attend que... qui n'attend rien. 
 
Tout sourire, je me laisse transporter. Poussière de fée, féerique, ou quand le ciel enchanté répand sa magie sur nos âmes déchues. On dit que le printemps est la saison où tout reprend vie, je ne vois pas les choses de même. Pour moi, l'hiver est cette saison. Il forge les racines d'un renouveau, permet au monde un peu de repos ; sans lui, le printemps ne serait pas et le monde fatigué. L'hiver purifie, sème les graines d'un nouvel horizon.
 

Hélyo James, 19 novembre 2021

DIS MOI...

Toi qui passes, toi qui vis là à deux pas de chez moi, dis-moi, qu'attends-tu de moi ? Tu es la muse de mes récits, de ceux qui sont ici, et de ceux interdits, à l'abri bien gardés. Et tu le sais, je me suis fait prendre. Il y a encore beaucoup que j'ignore sur toi, beaucoup que j'attends de découvrir. Je pense que dans nos incompris se cache un fond de vérité. Peut-être devrais-je songer à en écrire un roman, voir ce que les gens en penseraient ; si c'est juste moi et mon penchant dramatique, ou s'il y a bien un sens caché. 
 
Je sais que je divague à vitesse grand V, que je me perds sous un tas d'émotions, que des films se dessinent dans ma tête à chaque instant, que j'enjolive le monde qui m'entoure, mais toi, toi je ne sais pas. Les histoires prennent racines dans la vérité, c'est bien ce qu'on raconte, n'est-ce-pas ? Je me demande quelle est cette vérité, quelle vérité est la nôtre. 
 
Mes sentiments pour toi s'obstinent autant que ma personne. J'ai bien tenté de lutter, en vain. Et c'est bien la première fois que face au mur je reste, immobile, interdit. La lassitude face à l'évidence m'avait toujours fait revenir, jamais mes sentiments n'avaient persisté face au mur. Face à toi pourtant, ils sont toujours là, ils ne veulent pas partir. Qu'importe la distance que tu pourrais mettre entre nos deux cœurs, ils resteront, immobiles, vivants, t'attendant. Je me mêle, ce n'est pas logique.
 
Alors dis-moi, toi qui hantes mon cœur, toi qui hantes mes nuits. Y'a-t-il un sens à tout ça ? Dois-je croire à la logique ? J'écris ces lignes apaisé, j'écris ces lignes réfléchi. Ce ne sont pas les lignes d'un être manipulé, par quelque émotion qu'il puisse exister. Alors dis-moi... à quoi ça rime ? Y'a-t-il un sens à tout ça ? Que puis-je espérer de cette ambiguïté ? Ai-je au moins une raison d'espérer ? Ou ne suis-je qu'hanté par une ambiguïté rêvée ?
 

Hélyo James, 17 novembre 2021

HURLE À LA LUNE

Hurle à la lune, hurle à la Terre. Déchaîne-toi, brise ces chaînes qui te retiennent, brise-les. Au choix ce soir : l'Ouragan ou le Tsunami. À toi de voir. Je veux brûler les cendres de mon cœur pour calmer ces douleurs. Je veux déverser les torrents sacrés de ma peine. Je veux détruire chacune de ces sensations, chacun de ces sentiments. Dramatique je suis, sans raison je hurle à la lune.
 

Hélyo James, 16 novembre 2021

JEU DE REGARDS

Chaleureux sentiments, chaleureuses émotions que je sens ; de nulle part surgissent, de nulle part m'envahissent. Un sentiment de désir naissant qui grandit. Une imagination débordante, je t'imagine. Le brun de tes yeux qui brillent, rêveurs, la terre céleste je vois. Un sourire si beau, si fort, et si fragile à la fois. Soleil nocturne, éblouissance émerveillée. Dans nos yeux la parole libérée, nul besoin de mots dans ce silence apaisé. Mon regard divague, puis sur tes lèvres vient se poser. Tu me regardes, immobile, je te souris. Je m'approche, vient déposer un baiser sur ton front, me recule. Le jeu, ambiguë, se révèle, cartes sur table. Tu sais, et je sais. Dans mes iris bleus tu devines mes pensées. Le temps arrêté, plus rien ne bouge, on se regarde, sans un mot...
 

Hélyo James, 13 novembre 2021

MA CHÈRE

La pureté de sa robe blanche, radieuse, qui s'efface au fil de ses lignes si jolies, si belles. Une impure beauté. Ô comme je t'aime ! Ma chère et tendre, ma belle, ma bien-aimée qui seule me comprend, merci. Tu fais naître en moi un sentiment d'apaisement, profond. Jamais tu ne juges mes traits, jamais tu ne juges mes fautes. Et je t'aime pour toutes ces choses. Ton mystère, ta finesse, ta sagesse, ta présence... à jamais là pour moi. Je t'aime pour me comprendre quand personne d'autre ne le peut. Car d'une incompréhension naît un mot, puis deux, puis trois, puis tout un petit récit pour y faire mourir un brin de sens. Écriture, ma belle, ma partenaire de vie, merci.
 

Hélyo James, 10 novembre 2021

UN CERVEAU QUI DISJONCTE

Délicate attention, délicat j'étais. D'une genèse d'amour, émotions valsantes. Les yeux qui brillent, le cœur qui chante. Le sublime, puis la distance. La lassitude aurait dû me lasser, pourquoi donc je reste hanté. Vacille et scintille, bouscule, timide. Pensées endormies, pensées somnolentes, pensées inconscientes. Je tombe, sans sentiments, je tombe. Un paradoxe ancré, une incompréhension qui perdure. Stop, j'avais dit stop. Pourtant aujourd'hui encore, dans ma fuite elle a perduré. Je suis tombé, j'ai échoué. Une pensée, un regard, voilà tout ce qu'il aura fallu pour perdre pied dans mon ancrage. Sans raison, incompréhension. Tu me hantes, sans raison, tu me hantes. J'ai échoué. Ébullition, mon cerveau en ébullition. Je boue, sans raison. Les bulles éclatent et débordent, pourquoi donc ?
 

Hélyo James, 8 novembre 2021

L'AMANT NOCTURNE

Douce nuit, douce lune. Il danse à son clair, son amant dans les bras. Valsant les derniers vers d'une étrange mélodie, ils refont le monde à tour de pas. Tipoti, tipota, clipoti, clipota. Voici une belle nuitée qui s'annonce, les étoiles en guise de toit. Un rêve éveillé qui n'en est pas. Chut, ne le réveille pas.
 

Hélyo James, 7 novembre 2021

UN VENT NOUVEAU

Paradoxal il est, paradoxal il sera. Teinté de gris, teinté de jaune, il est tantôt champ chromatique que couleur à part entière. Au plus bas, au plus haut ; au plus haut, au plus bas. Renouveau, à nouveau. Fuite ou bien déclic. Tic tac... Novembre est là, trop tard, trop tôt, à l'heure il n'est pas. Je suis le vent qui souffle, le feu qui te brûle. Je suis la mer qui berce, la terre qui régénère. Je suis tout ça à la fois, nulle part dans ce monde. Je fuis, je cours, je fais face, m'efface, je recule et redémarre. Qui suis-je ? Paradoxal sans aucun doute. Tic tac... Novembre ? Le temps n'est plus, il n'existe pas. Adieu restes d'antan, je pars... un vent nouveau.
 

Hélyo James, 1er novembre 2021