UN SOIR FIGÉ
Je voudrais arrêter le temps comme on arrête un cœur ; figer l'instant dans son dernier battement, son dernier souffle. Je voudrais oublier le défilé de songes, la souffrance des pensées. Profiter du froid de l'hiver pour ralentir la vie qui se terre au fond de mon être. Je veux réchauffer mon corps tout entier d'instants figés, ne plus penser à ce qui s'en vient. Les corps chauds qui s'entremêlent et se complètent d'imparfaites perfections. Pour oublier les ratés, l'incertitude. Pour oublier ce temps qui défile, la succession des ères d'antan. Vivre, je veux vivre.
Ce soir pourtant je refuse. Je te refuse, toi, qui m'attendais là-bas. Ce soir je ne veux pas de nouveauté, pas de complexité. Les liens ne sont pas encore tissés, et je ne veux ce soir que pure simplicité. Je ne veux pas m'efforcer de t'expliquer, trouver la connexion de nos psychés. Je veux les corps sans un mot, les regards, les touchers, le partage des corps dans l'absolue vérité -inatteignable-. Je veux cet imprévu naturel que je n'aurais pas avec toi ce soir... cher ami étranger. Je veux la frustration, les émotions qui se déchaînent ; lorsque les deux corps savent ce qu'ils cherchent, que l'ambiguïté n'a pas lieu d'être. Tout est clair, limpide, aucune recherche, juste un plaisir égoïste à partager.
Hélyo James, 30 novembre 2021