"LAICHER" LE SORBET

Sur les rives du fleuve St-Laurent, le zéphyr traverse mon essaim de pensées. Je suis coite face à ce qui deviendra la mer, je replonge dans un souvenir printanier. Dans les rues du Vieux-Québec, cette logorrhée feignait la connexion. Nous avons musardé alors que nous aurions simplement pu lésarder. Guet-apens du coeur, nous sommes devenus las de ce qui s'annonçait pourtant alibabesque à souhait. Les occasions manquées pullulent, nous avons manqué d'hasarder. Il me chalait pourtant de lui plaire, de panser nos âmes mortelles, loin de toute la jactance futile des premières dates, comme pour mansuer nos péchés de mortels... J'ai oscillé entre monts et marais sensoriels, balbutié maints jeux de mots farfelus, comme dans un menuet en solitaire gracieux. Jamais je n'ai osé faire chavirer la barque lacustre de la romance humaine, mes désirs sont restés latents, dénués d'une réelle et quelconque attente autre que d'humblement flotter. Alors à défaut de pouvoir un jour l'embrasser, dans les méandres de mes pensées, je l'entends encore nasiller.
 
Hélyo James, 27 juin 2024

DÉLUGE

Lorsqu'à la lueur des phares tombe le déluge, le temps se pose telle une plume sur la brume : flottant. Bras ouverts, paumes vers le ciel, sourire jusqu'aux étoiles, visage humide des larmes de l'univers. Je fais l'amour sous la pluie, je fais l'amour avec la vie. Je tournoie comme un tourbillon dans l'océan, je me noie dans un bonheur frappant. La pluie caresse ma peau, je m'allonge, figé dans le temps, sur le nuage bitumé. J'écoute le son des larmes, j'écoute la mélodie vivante de l'eau qui tombe, qui coule, qui me recouvre et m'ensevelit. Sur mon lit d'eau, je vogue dans les songes du monde, je respire la brise du temps, fusionne avec les éléments, résonne de concert avec les ondes de l'eau. Que le monde est beau, que les larmes sont belles ! Je fais l'amour sous la pluie, je fais l'amour avec la vie. Je respire, en choeur, avec l'univers. Je m'ancre dans l'éphémère, contemple ma Terre mère. Ô comme je l'aime ! Déluge flottant, déluge frappant, ô comme je t'aime !
 
Hélyo James, 8 juin 2024