FLOCON

C'est si léger si facile de virevolter, de voler dans les airs, de danser la légèreté quand on s'appelle neige. Je suis un flocon aux milles branches, mes atomes ont gelé ensemble et je gèle à mon tour ce sol pour le peindre de blanc. Je le recouvre, je l'enlace de toute la tendresse du monde dans une sagesse infinie. Ne m'en veux pas si tu as froid : je suis pureté et renouveau, je te libère de tes maux les plus inconscients, je te recouvre d'amour et fais de toi un enfant à nouveau. Sculpte ta créativité, ton imaginaire enfoui de ma peau, mon velour blanc. Je suis la neige, un flocon cocon.
 
Hélyo James, 16 novembre 2022

AMOUR VAIN

Aperçu du rivage, appel au naufrage. Réalité rêvée, réalité cachée. Je cours sur la plage nu d'illusions, je cours sur la plage nu vers la mer, l'océan. Je plonge dans ce bain de minuit, je plonge vers ce cœur endormi. Je suis la barque, je suis chasseur, je suis fuyeur, je suis la rame qui embarque. Je rame, je rame sur les flots séducteurs, je rame sur les flots ravageurs. Les flots d'une promesse, la promesse d'un mystère, d'un récit déjà conté.
 
Hélyo James, 3 octobre 2022

TIC-TAC...

Nos regards mêlés de sentiments se mentent et se promettent, des mots muets qui crient au sabotage, au désespoir. Nos corps lâches sur ce lit attendent sans relâche, que le monde fasse enfin sens, que reparte la discussion, aucun son ne sort, aucun son ne parvient à briser le silence. Aucun son, si ce n'est le tic-tac de ma montre qui résonne si fort dans mes tympans sourds d'amour, que les battements de mon cœur se synchronisent avec ses tours. C'est comme une brise venue d'ailleurs, comme le soupir d'un promis à la mort, comme la vie qui souffle le temps, qui s'envole. On attend patiemment notre innocence, loin des fêlures du passé, loin des sourires de déchéance, comme si un jour peut-être elle reviendrait. Un mot, brise le silence. Un geste, prends ta chance. Perce la bulle et souffle tes mots muets dans cet univers défait.

C'en est trop. Je vais briser le silence, je vais briser ce satané silence. Je n'ai que faire de ces diktats, que faire du sens, que faire de ces fébriles sentiments. J'en ai assez d'entendre le tic-tac résonner dans mes pensées. Regarde-moi. Ne vois-tu pas que je ne suis qu'un immature dénué de tout contrôle ? Ne vois-tu pas que mon cœur hurle pour nous deux ? Regarde-moi... Nos lèvres font cesser le tic-tac incessant, nos baisers dictent le rythme de nos sentiments, aujourd'hui, maintenant, je t'embrasse. Ça me dépasse, ça me surpasse, je m'exaspère, mais je t'aime. Je t'aime maintenant. Peut-être pas demain, mais je t'aime ce soir. Je t'aime comme nos corps qui se mêlent et qui s'embrassent incessamment, impunément, insatiables corps qui s'aiment.
 
Hélyo James, 24 septembre 2022

UN ARBRE

La sève coule de l'arbre d'une ambre écarlate. L'araignée a tissé sa toile sur ses branches les plus frêles. Les feuilles se laissent bercer par le vent puis tombent dans un profond sommeil. L'araignée s'est envolée en y laissant sa soie cruelle. Le voyageur s'est épris de l'arbre, il revient à chaque saison. L'arbre peine à le voir, il se cache dans les buissons. "Approche" lui susure l'arbre... "approche"... Le voyageur est sorti du buisson, pour se réfugier dans un autre. Ainsi vit l'arbre dans sa forêt, ainsi observe le voyageur l'écorce s'épaissir dans le temps, perdre ses feuilles et nourrir de son sang.
 
Hélyo James, 11 septembre 2022

HAMSTER

Les paupières lourdes mes yeux se ferment sur le monde de la nuit, sur le monde qui brille. Je suis perdu dans la nuit. J'entends les rires, je vois l'invisible qui me fuit. Je suis le hamster qui court dans sa roue infinie, à l'en rendre fou il court à n'en plus finir. La roue l'a rendu prisonnier, l'a rendu fou, l'a rendu bête, inconscient. Par trois fois elle l'a emporté dans son élan, le pauvre hamster qui court. Sa roue sans fin, sa roue qui l'endort, qui l'hypnotise. Il n'y a de logique que la logique de l'illogique dans ce maléfice qui brise.
 
Hélyo James, 27 août 2022

LES BOIS D'UN ABANDON

À toi, rosier sauvage. Tu es la rose que je ne peux atteindre, le bois rempli d'épines. Tu es querelles et jalousie, tu es ensorceleuse de mes nuits. Et c'était beau, mais c'était lâche. J'étais le pion et toi la reine, j'étais le fou, le trop sauvage, le trop instable. La rose... C'était si beau. Comment aurais-je pu vaincre ces bois qui ont eu raison de mon cœur, qui en ont arraché les chairs ? Étais-je, au fond, un fou trop sage ? Aurais-je dû plonger dans ces bois, y laisser ma peau, mes muscles, mes ligaments, mes tendons et mes os, pour espérer enfin t'atteindre ? Aurais-je dû transformer ma chair en bois d'épines à mon tour, pour que l'envie de t'y piquer naisse en ton cœur ? 
 
Il est trop tard, comme toujours. Satané temps, n'est-ce pas ? La vie n'est que mauvais timings, elle n'est jamais à l'heure où on l'attend. Ça fait partie de sa beauté, d'une façon ou d'une autre. J'aurais dû t'embrasser, ce jour-là. J'aurais dû dévoiler ton jeu au grand jour. Et personne ne sait, personne sauf moi, puis peut-être une petite part de toi. ______________________________ ____            ________ _______can't tell this part, it's a secret she doesn't want me to tell __________ La honte a dû te dévorer, car les bois épineux m'ont dévoré, et la rose s'en est allée. Mon âme est écorchée, inchangée, mais le poison de l'épine s'est dissipé. Ne reste de la rose que le souvenir de sa beauté, que les cicatrices et l'endorphine, que le répit puis l'abandon. Puisses-tu hanter les nuits d'un autre, les coquelicots feront les miennes.
 
Hélyo James, 16 juillet 2022

CALME-TEMPÊTE

Cheveux aux vents, main à la barre, à la dérive. Le gouvernail de bois blesse ma peau de glace. Je navigue sur les flots sages d'une vie sans folies. Le soleil me brûle, mon corps devient cendres. La brise fend mes écailles de petites perles rouges. La mer infinie est errance éternelle. Je ne perçois pas la Terre, et la lune est sombre. Je ne peux échouer sur le sable, le sable n'est plus. Berce mon âme sur les eaux sages, berce mon cœur calme. Laisse mon corps mourir sous les étoiles, laisse les torrents nourrir ma soif sauvage. Le calme m'affame, le calme est faux ami. Le calme est ma tempête, la tempête est mon calme.
 
Hélyo James, 30 juin 2022

LA FORÊT RÊVEUSE

Je marche, lentement, sans un bruit. Pas à pas, vers l'arche de coton, vers la rivière ensommeillée. Les pierres s'alignent sous mes pieds pour tracer le chemin des merveilles. Je flotte. Einaudi pianote mes pas sur leurs échos mélodieux. Un pied au-dessus du sol. C'est comme si l'eau lévitait avec moi, tout en reposant sur la terre. C'est comme si ma peau effleurait cette eau sans en recevoir les perles, et malgré tout ma peau se noie dans ces échos de la mer, comme dans un nuage cotonneux entièrement fait d'eau qui perle.
 
Je marche dans la forêt mousseuse sous le clair de lune qui tamise mon rêve. Les lucioles volent dans l'eau du lac, les poissons nagent dans l'air brumeux. Je marche. Lentement. Sans un bruit. Juste ma respiration en harmonie avec celle de la forêt rêveuse. Ma respiration souffle le vent. Mon cœur abreuve les arbres de mon sang qui fait leur sève. Lorsque mon torse se lève, la terre fait de même. Et tout là-bas, tout au fond, aux tréfonds de la forêt qui veille, on peut entendre un doux battement, régulier, mélodieux, apaisant. Tout là-bas, tout au fond, aux tréfonds de la forêt, se cache une lueur vacillante sur les échos d'un son sourd mais doux, une lueur rouge de vie qui illumine le bosquet alentour. Tout là-bas, tout au fond, se cache le cœur de la forêt, se cache le tronc fragile et solide, sous ses formes arrondies et mystiques, duquel partent les racines ensevelies de sang qui parcourent la terre et nourrissent les arbres.
 
C'est comme une bulle qui n'a de temps que ce cœur résonnant, que cette mélodie silencieuse qui m'étreint de son calme et sa sagesse. Je marche, lentement, sans un bruit. Pas à pas, vers l'arche de coton, vers la rivière ensommeillée. Je plonge dans ce nuage de soie et je m'endors dans ses bras, sous la lueur de ces maigres étoiles qui m'embarquent loin là-bas. La forêt s'endort, la lune tamise le lac, le vent se fait léger, les arbres s'apaisent, et là-bas, tout au fond, aux tréfonds de la forêt, le cœur bat encore, au centre du bosquet sacré qui n'a pas encore été foulé, si bien caché.
 
Hélyo James, 21 juin 2022

HYPOTHERMIE

J'ai froid. J'ai si froid. Si sombre, il fait si sombre. Mon corps tremble et je brûle. Mon cœur s'est arrêté de battre. Je ne peux plus bouger d'un pouce. Mon corps gèle sur la terre soyeuse. J'ai froid. J'ai si froid. J'ai mal, je crois que j'ai mal. L'hypothermie m'a attrapé, je ne vis plus. J'ai froid. J'ai si froid. Il fait si sombre, je ne vois plus rien. Je ne sens plus mon souffle, je ne sens plus mes bras, ni mes jambes, je ne sens plus rien. Il n'y a pas un bruit, pas un seul. Je ne tremble plus, mais j'ai si froid. Mon cœur ne bat plus, je ne l'entends plus, je ne le sens plus. Mes poumons se sont vidés de cet air gelé, mon corps m'a lâché. Lamentablement lâché. Il m'a abandonné. Il m'a tué. Et j'ai froid. J'ai si froid putain. Je crois entendre au loin le son de sa voix, qui hurle à la mort, qui craque dans la peine. Je crois sentir une goutte, tout droit tomber là sur mon cœur à l'arrêt. Je crois en sentir une autre, salée, au carrefour de mes lèvres. Je crois sentir sa main serrer la mienne si fort qu'elle semble être broyée. Mais je n'en sais rien, je ne sens rien. J'ai tellement froid, si tu savais comme j'ai froid... et puis ce froid me brûle si fort... je crois que je suis mort.
 
Hélyo James, 6 juin 2022

MIROITÉ

L'araignée tisse sa toile dans la forêt du temps perdu, dans la nuit claire obscure mon esprit divague et j'erre sans but. C'est lors de mirages que j'aperçois le rivage, c'est lors de ces enlaçades que s'en va mon air maussade. Où que j'aille je sens et ressens, les histoires que l'on conte, les sentiments que l'on dompte. Le soir, dans mon miroir, c'est un autre monde que je vois, c'est une autre histoire qui s'offre à moi. Ma brosse à dent dans les mains, son beau sourire en coin, ne dis rien, tu sais bien que c'est vain.
 
Hélyo James, 29 mai 2022

LES REFLETS

Je me questionne, et ça tourbillonne. Le pourquoi du comment, le comment du pourquoi. Toutes ces questions sans réponses, toutes ces choses, ces évidences... Il est si simple de s'emmêler, si simple de se perdre. Je rêve et je rêve encore, sans cesse je rêve de toi. Je rêve de tes yeux, de tes joues rosées, de tes lèvres envoûtantes, de ta voix qui résonne, de ton ventre musclé, de ton corps si parfait. Je rêve par-delà la raison, de ce monde qui me rend fou. Je rêve d'une fuite parfaite, d'une paix parfaite. La paix parfaite n'existe pas, n'est-ce pas ? Les nuances font illusion, les nuances font tourbillon. Et je rêve d'un impossible, un rêve irrépressible. Toi, là-bas, dans cet autre monde... Dis-moi... Rêves-tu de moi ? Apparaissons-nous dans nos songes comme dans l'antre de nos reflets sur le miroir de nos psychés ? Dis-moi... Sommes-nous damnés ? Serait-ce notre prix à payer pour une si grande lucidité ? Dis-moi... Un jour... Seras-tu las de moi comme je le suis de te vouloir ? Seras-tu las de moi comme je le suis souvent de moi ? Seras-tu las de moi au point de ne plus jamais me voir ? Serons-nous seuls dans ce miroir qui ne demande qu'à être brisé, vers cet autre monde qui parfois semble si parfait pour cette fuite tant rêvée ? Tu sais, au fond, tu n'es que le reflet de ce que j'ai tant désiré. Tu n'es que l'image maudite qui me retient d'aimer, le prix à payer pour une vie à inspirer. Je t'aime, mais je te hais. Pour ces questions sans réponses, pour toutes ces choses, ces évidences. Je t'aime, mais je te hais.
 
Hélyo James, 17 mai 2022

ALLÉE DE L'IDYLLE

Dans l'allée mes pas résonnent, sur les pavés je m'abandonne. Le ciel tacheté de blanc, je les regarde sur ce banc. Moi, lui, elle... au fond que d'histoires enfantines, d'inoubliables comptines. Pourquoi chercher le sens, quand je retrouve mon innocence, que je brise enfin mon silence ? Les mots n'existent pas, pas pour tout ça. Les mots pour une fois me sont futiles, si futiles qu'ils en deviennent hostiles. Je n'ai que faire de comprendre, c'est un rêve à s'y méprendre. Le vent siffle l'idylle et je m'envole sur cette île. Mais sur l'île s'abattent torrents, et je ne peux affronter les courants. C'est une règle, c'est légion. C'est espiègle, non sans bâillon. Mais qu'importe quand dans mon cœur je porte cette sensation si forte. Cette sensation de paix, cette sensation si vraie, où tout est à sa place, où l'on refait surface. Alors dans cette allée je trace les premiers pas de grâce. Je respire l'instant, j'interromps le temps. Je n'ai que faire du sens, j'ai trouvé notre innocence.
 
Hélyo James, 11 mai 2022

MON UNIVERS

Traînée de lumière dans l'horizon si clair,
Avalanche de poussière au fin fond de l'univers.
Et je me perds et je me perds, je perds cette guerre en un éclair.
La guerre d'amour au goût amer,
La guerre tout court aux mille prières.
Adieu poussière d'étoiles, adieu lumière d'antan,
Je valse sur la toile, je valse avec le temps.
 
Hélyo James, 2 mai 2022

LE FEU

Mon moi chavire, ma barque dérive. Dans les profondeurs abyssales de mon âme éperdue, se cache la raison de mon être perdu. L'étincelle qui fait briller mon cœur puis le consume sans fin, le feu immortel, le feu éternel, et je meurs à petit feu de ce feu qui martèle et m'appelle comme le fait l'insatiable faim. Il se consume sans jamais se consumer, comme un feu hors du temps qui ne cesse de brûler, comme une éternelle prison aux barreaux trop épais. Jamais de répit, jamais. Tout se mêle, tout se mêle. Je ne suis plus que le nœud de ces fils emmêlés, de ces temps mélangés, d'un passé qui tarde à se faire oublier et d'un futur qui laisse à désirer. Je ne suis que l'ombre d'un cœur interdit, d'un mystère insoluble qui jamais ne disparaît.
 
Hélyo James, 27 avril 2022

MUSE NOCTURNE

L'oiseau volant vers son nid au lointain lesté de souvenirs. La mélodie nocturne du ciel endormi, qui sur les branches respire et berce le vent. Tendrement, doucement, le souffle de la vie qui s'étire et se gorge d'un air apaisé, d'un air purifié qui veille sur les rêves et éveille les pensées. La muse qui dort, la muse qui fuit dans ses songes tourmentés. Et je marche et je rêve et j'éveille endormi les tourments d'un passé que je ne cesse de ressasser. Fuyons fuyons, tendrement, doucement, au lointain ce rêve, au lointain cet oiseau envolé. Je dors, je sors, je dors, le sort qui se consume d'un interdit dévoilé. Belle et douce nuit chère muse étincelée.
 
Hélyo James, 20 avril 2022

COLLABORATION

Accoté sur le rebord du bar, plongé dans les méandres de ses pensées, mon regard subtil de désir posé sur son délicat visage. Elle est belle. Dangereusement silencieuse, furtivement joueuse. Son doux regard magnétique faussement innocent, ou bien serait-ce faussement dangereux ? Elle est belle, m'attire dans un silence. Diaboliquement angélique, angéliquement diabolique, hypnotisante. Son regard concentré, ce stylo délicatement mordillé par la torture de ses questions, le bout de sa langue reposé sur le dessus, tandis que le temps se fige encore plus. Désormais dos à dos, elle interrompt ce délicat mordillage pour porter son regard interdit sur mon fessier, la tête subtilement inclinée.
 
L'odeur des arômes fruités, de la mangue, de l'ananas, de l'orange, couplés à ceux de liqueurs enivrantes, de rhum, de vodka. Regarde moi, plonge dans mes yeux, dans mon monde interdit. Le désir grimpant dans l'absolue simplicité, en quête d'un brin de sens figeant l'innocence. Tant de mots dans tes yeux, j'ai tant à lire, tant à éplucher, tant à ressentir, tant à apprécier. Si beaux, si précieux dans leur transparence, leur transcendance de l'âme. L'océan se déchaîne dans l'iris bleu de mes yeux, emporte les tourments de tes questions sans réponses, engloutit le doute et le remplace de désir. Dans tes yeux, la plage recouverte d'algues vertes, repose la touchante mais effrayante harmonie, la puissante mais terrifiante attraction des éléments. Nos échanges si longs si profonds, autant silencieux que joueurs, insinuent des choses interdites, des pensées diaboliquement érotiques. 
 
Ma main sur ton doux visage caresse tendrement ta joue tachetée de brun. Mes lèvres goûtent les tiennes, si sucrées si tendres, épousent leur forme, tant parfaitement tant suavement. Elles font l’amour et piègent le désir dans l’instant présent. Mes baisers sur tes lèvres, les tiens sur les miennes, nos corps qui fondent et nos âmes qui se mêlent. Et tandis que le désir brûlant nous possède et nous enivre, les caresses parcourent nos corps dans un frisson chatouilleux. Elles explorent les formes, effleurent la peau nue sous nos mains d’une chaleur frissonnante. Mes mains glissent sur ton corps et dessinent l’ardeur de nos envies, elles glissent le long de ta nuque alors que je mordille le bout de ton lobe et couvre de baisers les lignes de ta peau. Elles glissent encore, lentement, le long de ton corps. Elles glissent le long de ton torse, ton estomac, tracent le contour de tes seins, descendent jusqu’à ton bas-ventre. Je t’embrasse, j’embrasse ta nuque, tes clavicules, j’embrasse le tracé sensuel de mes mains sous ton cœur palpitant.
 
Nos yeux se jouent de moi, se jouent de toi, se jouent de nous. Ces pensées semblent nous transporter outre mesure et outre monde vers une dimension purement psychédélique. Les mots silencieux résonnent et font vibrer nos âmes innocemment corrompues. Le temps a cessé de faire couler le sable depuis bien trop longtemps pour être remarqué. Nous ne sommes plus dans ce bar, nous ne sommes plus nulle part, si ce n’est dans cet autre univers qui semble bien plus réel que la réalité elle-même. Ce stylo mordillé n’est plus que lointain souvenir, ces vêtements ne sont plus qu’illusions envolées, rien n’est plus qui ne saurait rêver de nous.
 
Nos corps allongés sur ce banc de laine se mêlent toujours, nos jambes se croisent et se décroisent au rythme de nos respirations lentes et étouffées. Mes baisers ont parcouru ton corps, mes caresses ont chatouillé ton âme. Nos saveurs se sont subtilement mélangées, notre désir s’est sauvagement amplifié. Un énième frisson de plaisir parcourt ton corps, si puissant qu’il transcende ton être ; et ton vagin, ton clitoris, sont pris de subtiles secousses, sont pris d’une chaleur enivrante qui agréablement te brûle. De tes petits orteils à tes étriers, l’entièreté de ton corps est traversée d’un courant électrifié. Tes mains agrippent mon grand dorsal pour y graver de fines traces rouges, tes vertèbres cervicales en extension sont témoins du cri qui te transcende et qui vient doucement mourir dans le silence de nos psychés jumelées. Tes poumons aspirent et recrachent l’air si rapidement qu’il en devient d’une ineffable, presque futile, jouissance absolue, jouissance infinie. Ainsi vit l’amour de nos âmes, la fusion de nos corps nus et endormis.
 
Hélyo James, 13 avril 2022

CŒUR VAGABOND

Illusion d'un autre monde, une autre terre dont le rêve fend la décence et les mirages l'innocence. À jamais prisonnier de cette épuisante conscience, je t'embrasse et te désire dans un silence. Esprit malade, cœur en balade, je vagabonde.
 

Hélyo James, 27 mars 2022

LES TRAITS

Ils glissent, se mêlent, s'entrechoquent, s'embrassent, s'enlacent, s'effacent, les traits de son visage. Toute une vie réinventée entre les lignes qui se dessinent, encore et à jamais, tout au long de sa paisible existence, au gré de son infertile ignorance. Je la vois, cette inconnue, sa face déformée par ces traces nouvelles, ces traces qui fondent la vérité si soudaine. Elles ont emporté avec elles l'attirance, le brin d'innocence. Un message et sa face s'efface sous les lignes véritables de son vrai visage. Si jeune, si soudain, qui est-elle, elle qui était si belle ? Adieu désir d'antan, le doux visage face au néant mémoriel.
 

Hélyo James, 8 mars 2022

SAUVAGE MÉLODIE

Respire... Les feuilles respirent, doucement, tranquillement, s'effleurent, chantonnent à l'unisson. Respire... Le vent les chatouille, bienveillant, apaisant, les caresse, leur souffle des mots doux. Respire... Le bois craquelle, si doux, si fort, observe, martèle le temps qui court. Respire... La mélodie sauvage, l'harmonie d'une Nature. Un pas, deux pas, sur le sol humide, sur le sol mousseux, et je cours, et je danse, et je chante la mélodie d'amour. Ma liberté, sauvage, tranquille, sautillante, apaisante. Et je cours, et je danse, et je chante encore. Le silence sifflotant, la paix enivrante. Sur cette terre humide, où mes pieds embrassent le sol, fondent dans un coussin chaleureux. Leur couleur blanche n'est plus que lointain souvenir, ils sont bruns de terre, brun de boue, bruns sauvage, bruns d'amour. Sans destin, sans chemin, et je cours, et je danse, et je chante toujours.
 

Hélyo James, 2 mars 2022

MONTS ENDEUILLÉS

Je veux sentir son cœur battre, là tout prêt, une dernière fois. Tenir sa main, avant qu'elle ne retourne poussière. Ramène moi là-bas, en haut de ces monts enneigés. Lorsque nos sourires ne se fuyaient plus, que la paix s'installait. Lorsqu'on riait suspendus, alors qu'on avait découvert son secret. Je veux ressentir, je veux que mon cœur hurle. Je veux sentir, je veux encore lui sourire. Si seulement... Je n'y suis pas retourné, je le devrais pourtant. J'ai besoin de la pleurer, retracer le fil de ces instants de paix, ces derniers instants. 
 
J'avais descendu les pistes à toute allure, seul, sans savoir où j'allais. L'adrénaline avait envahi mon corps et mon esprit, cette drogue que j'aime tant, ce danger qui me fait vivre. Je l'avais vue, elle m'attendait en bas avec un grand sourire, son bonheur étincelait. On avait rejoint les autres pour redescendre au village, dans les rires, la complicité, la sensation d'une belle journée accomplie. Elle marchait avec lui, elle avait pris mes skis pour soulager ma cheville. J'étais parti en avant, tout sourire, je délaçais mes bottes de mon pied endolori. J'avais attendu, mais quelque chose se tramait, je le sentais, ce vent glacial qui me traversait. J'étais sorti, sans mes bottes, lui debout, paniqué, moi courant vers son corps animé d'une horreur. 
 
Ils avaient ramené un défibrillateur, elle ne respirait plus. Personne ne pouvait se douter du drame qui venait de se produire. "Ne touchez pas le corps pendant l'analyse... Continuez le massage cardiaque...". De longues minutes à tenir sa main, dans un silence, alors qu'ils tentaient de refaire battre son cœur. C'était trop tard, je leur ai dit, c'était trop tard, c'était fini. La mort l'a emportée, elle m'a cloué sur un sol incertain, blanc, froid, glacial. Loin là-bas, tout près de moi, je l'ai vue partir dans un dernier sourire adressé, translucide, transcendant, à jamais.
 

Hélyo James, 25 février 2022

VAUTOURS

Le temps court et je danse encore autour
D'un brin d'amour qui attire les vautours.
Oiseaux de la mort, mangeurs de remords,
Échoué le corps, sur le sable qui dort.
Dans la paix d'une ivresse, la maladresse,
Bien souvent prêtresse d'une infime tristesse.
 

Hélyo James, 24 février 2022