FLUCTUATIONS ENFANTINES

Fuyons, fuyons !
Loin de moi émotions enfantines, loin de moi !
Ô ma douce folie... Lorsque je reviendrai tu ne seras plus,
Emporte dont avec toi ces enfantillages et qu'ils ne reviennent plus !

Petit enfant affolé,
Petit cœur emporté ;
Enfantillages et liberté,
Redondance et céphalées.

Si l'erreur répétée n'est qu'décision,
Dois-je faire le choix d'aimer sans restriction ?

Peut-être devrais-je y repenser,
Ne plus faire face à ces pensées...
Car la cour est bien loin derrière,
Que Grand Chapeau n'y retourne guère.
 

Hélyo James, 16 octobre 2021

ELLE

Elle entre dans la pièce, suivie de toute la beauté qui l’accompagne chaque instant. Je fonds. Littéralement, je fonds. Je sens mon cœur fondre, se fendre, s’écarteler jusque dans mon estomac, s’étirer jusque dans les méandres de mon bas ventre, remonter jusque dans mes poumons pour les en priver d’air, me couper le souffle. Elle me coupe le souffle, voilà ce qu’elle fait, elle et sa beauté. Elle ne doit pas savoir, non, elle ne doit pas savoir. Elle n’est pas libre, je dois me taire. C’est si dur ! Pourquoi suis-je donc toujours celui qui tombera en amour des mojos ? Pourquoi toutes mes histoires doivent-elles toujours être aussi compliquées ? Pourquoi mes sentiments ne peuvent-ils pas simplement arrêter de s’emballer ? Pourquoi ne cessent-ils pas de vouloir jouer dans une comédie romantique ? De la torture, voilà ce que c’est. 
 
L’air coupé qui tente de remonter à la surface avec ces quelques mots reste bloqué. Il ne franchira jamais les barrières de ma langue, ces quelques mots ne feront jamais vibrer ses tympans. “Tu es magnifique, éblouissante, et je ne peux trouver de mots suffisamment représentatifs de toute la beauté que tu fais parvenir à mes yeux." Si seulement… Mes lèvres veulent mourir sur les tiennes. Je veux mourir sur tes lèvres.
 
Tu sais, je ne comprends pas cette attirance que j’éprouve. Du moins, je ne comprends pas l’intensité qui s’en dégage, je ne comprends pas ces sentiments que tu fais naître au plus profond de mon être. Putain que j’aimerais le crier ! Je veux le chanter sur les toits, l’ancrer sur les terres, le peindre sur les toiles désertiques. Je veux hurler ces sentiments qui m’animent, cette genèse de sentiments. Je veux… je te veux toi, simplement.
 
Je ne pensais pas tomber pour toi, pourtant il ne m'aura pas fallu longtemps pour qu'il soit déjà trop tard. À présent chaque regard posé sur toi est comme une douce torture qui fait palpiter mon cœur un peu plus à chaque fois. Ainsi je peux sentir le désir doucement monter, puis m'étreindre comme il n'est pas permis. Ton dos dénudé, tes longs cheveux sauvages. Ce n'est pas permis. Alors je me demande : qu'en est-il de mon paraître ? Peut-on lire la scène que je m'imagine sans le moindre trouble, ou bien faut-il plonger au fin fond de mes iris bleus pour en percevoir les bribes ? Car pour moi il ne fait de doute cette clarté qui apparaît lorsque je te regarde. Je m'efforce tellement de ne rien laisser paraître que cela requiert un effort considérable de ma part, pour ne pas briser notre semblant de relation naissante, pour ne pas courir te prendre dans mes bras, ne pas t'embrasser.
 
L'attraction est telle qu'il ne fait de doute, que sous un verre d'alcool ou deux, mes barrières tomberaient en ruines avec mon contrôle. Alors je te regarderais, du plus profond de mon être, et tu pourrais lire le désir dans mes yeux, l'amour naissant que je te porte, toute la tendresse que j'éprouve pour toi. Je te regarderais à n'en plus finir, nos yeux ne se quitteraient plus, tu pourrais me voir t'embrasser au travers de mon regard, tu pourrais voir tout ce que je m'efforce de ne pas faire. Tu pourrais me voir te faire danser, valser, au beau milieu de la pièce. Et puis sûrement que je finirais par poser ma main sur ta joue délicate, me rapprocherais doucement, tout doucement, de toi. Je te sourirais, comme à mon habitude, caresserais ton doux visage du revers de ma main, avant de poser mon regard sur tes lèvres à nouveau. Nos souffles se feraient plus lourds, plus chauds, viendraient chatouiller nos émotions. Je m'approcherais encore un peu, et dans un dernier sourire adressé, je t'embrasserais.
 
Du moins, c'est ce que je préfère m'imaginer ; car en réalité, toi et moi savons très bien que tu ne me laisserais pas faire. Et puis, sûrement que ce ne serait pas si lent, sans contrôle, je ne pourrais pas tenir deux minutes sans l'impulsion qui me mènerait à venir mourir sur tes lèvres.
 

Hélyo James, 14 octobre 2021

DEMAN J'OSERAI

J'observe, sur ce banc, cette soirée qui défile, de musique en musique. Le temps s'apaise, la luminosité baisse au fil des heures. 1h30 que j'observe, c'est encore peu. Je laisse mon esprit s'imprégner de cette douce atmosphère qui règne, je ne suis pas parti, pas encore.
 
J'observe, sur ce banc, ces gens qui défilent, me sourient, se questionnent, j'aime ça. Comme en hiver, je fige le temps par la contemplation. Peut-être pensent-ils que je suis sage, peut-être un peu trop, et peut-être ont-ils raison, ou peut-être pas. Je ne sais pas, je me fiche de tout ça. Je suis juste là, à attendre. Attendre quoi ? Attendre, simplement. Il n'y a pas de but dans mon attente, j'attends seulement.
 
J'observe, sur ce banc, ce paysage au loin, tous ces bâtiments à l'architecture si spécifique de ce bout de terre, qui se jonchent au milieu de tous ces arbres environnants. Ces voitures qui s'éclairent, disparaissent, laissent la place aux suivantes. C'est beau. Le temps se fige dans son défilé, mes émotions aussi quelque part.
 
Je m'ancre dans ce monde, je crée une bulle de temps, j'y peins ces visages, ces sourires, ces arbres, ces flèches sur les toits. J'y peins l'insouciance du moment, la sérénité qui s'en dégage. Tout ça me renvoie en hiver, à cette période où le temps s'endort au fil des jours, où les esprits s'éveillent le temps de quelque temps.
 
C'est éphémère, bien sûr, c'est ce qui fait toute la beauté de cette période, de cette naissance hivernale. L'air se fait frais, froid, les cœurs eux se réchauffent, s'entremêlent et s'enlacent. Par l'amoncellement de vêtements, les corps s'effacent pour laisser l'esprit des cœurs en quête de chaleur se révéler.
 
J'aime la sensation du froid sur ma peau, ce froid qui pique, caresse, puis réchauffe avant de brûler. Ce froid qui réveille, éveille. J'aime cette simplicité qui s'élève de l'hiver. J'aime cette ambiance tamisée, ces chutes verglaçantes qui ramènent l'insouciance enfantine. Si ma survie ne s'en trouvait pas menacée, je m'étalerais sur le sol enneigé, pour ne plus y bouger, comme éternellement allongé sur ce blanc scintillant. À contrario de l'étouffante chaleur estivale, le froid permet de respirer, il vit dans nos poumons quand la chaleur vient y mourir.
 
Alors j'observe, je mémorise chacune des formes montagneuses qui dessinent un paysage infini, empli de verdure. J'observe la douce mélodie qui s'en dégage. Je suis toujours assis, sur ce banc, en haut de ces marches, devant le passage des derniers êtres étudiants du jour. Cela fait maintenant deux heures, je n'ai pas bougé. Je suis bien. La musique continue de retentir dans mes oreilles, c'est à peine si j'y prête attention, elle masque seulement l'agitation alentour. Je vais l'éteindre, profiter du silence qui a fini par s'installer sur le campus.
 
La faim quant-à elle fait seulement son apparition, je l'ignore pour l'instant. Je mangerai quand cette dernière deviendra insupportable. Je me lèverai alors de mon banc, descendrai les marches qui me séparent de la porte inférieure, me dirigerai jusqu'au couloir qui suit, nourrirai le distributeur qui me nourrira à son tour ; puis je rejoindrai la sortie qui aura été mon entrée quelques secondes auparavant, remonterai les mêmes marches descendues, reviendrai poser mon corps immobile sur ce même banc qui supporte mes pensées. Ce sera un moment hors du temps, qui restera figé éternellement.
 
Et alors que rien n'y présageait, dans une dernière et profonde inspiration, je me lèverai pour la seconde et dernière fois de ce banc, et regagnerai le cours du temps normal, après des heures passées à simplement contempler, à vivre dans la présence par mon absence de présence. Je me ferai à manger, ou peut-être pas, préparerai mon sac pour le lendemain, et finalement j'irai me coucher. Demain j'oserai. C'est inscrit sur la feuille qui me servait de marque-page, elle ne sert plus à présent, mon livre est terminé depuis plus de deux heures. Je l'afficherai sur ma porte d'entrée, "OSER", qui est accompagné de plusieurs petits autres mots, "AIMER", "VOIR", en plus petits caractères, ainsi que plusieurs autres petits rappels de vie. Demain j'oserai.
 

Hélyo James, 14 septembre 2021

PETIT ENFANT

Petit enfant perdu dans ce monde endormi, par ses rêves doucement s'éveille et s'extirpe. Plongé dans une longue imposture, incompris, libéré le voici qui renaît. Avec son beau chapeau, enfin libre de vivre sa vie, au milieu de ce monde qui demeure incompris. Le voilà maintenant danseur, penseur aguerri, aventurier dans ses heures jamais perdues. Bonheur sauvage et liberté, sont les mots qui le définissent.
 

Hélyo James, 29 avril 2021