La lune veille, le soleil fond sur la neige. J'observe le rituel des lumières. Et je plonge. Je plonge dans l'étincelle de cette flamme qui m'ensorcelle. Cette flamme qui brûle si fort qu'elle en illumine le néant alentour. Je vois. Je vois pour la première fois. Je vois, je te vois. J'ai peur de cet instant où le temps cessera pour de bon, de quand le néant aura consumé cette flamme qui pétille de mille feux. Je ne rêve que d'une chose : que la flamme le consume avant lui, que les étincelles enflamment la toile noire, la toile si sombre qu'aucune autre lumière ne la transperce. J'ai peur que la flamme s'éteigne aussi vite qu'elle est apparue dans nos cœurs. Et si ma toile n'était pas celle de ton pinceau ? Et si ton pinceau trouvait plus belle toile ailleurs ? Et si les brins de mon pinceau noircissaient ta flamme d'un malheur monstre ? Je veux cirer ses poils pour qu'ils fassent resplendir ta flamme, pour que jamais elle ne meure. J'ai si peur du feu, mais je l'aime tant, le feu. Et toi, toi que je vois, Ô que je brûle pour toi. Mon cœur saigne de ce feu qui m'embrase. Mon cœur peine de cette peur qui m'assaille. [...] Le rituel des lumières se poursuit et je l'observe ahuri. Ô que je l'aime.
Hélyo James, 4 janvier 2023